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Cohn Bendit, indulgent arbitre des inélégances (Le petit Carton Rouge de Pavu Paprika)

 La mauvaise foi est son Credo

de notre correspondant spécial rivé à son écran plat, Pavu Paprika, le 29 Juin 2010,


Cette semaine : Cohn Bendit, indulgent arbitre des inélégances


    Avertissement du Webmestre : nous avons dû pour commencer expliquer longuement à Emilio Campari qu'il n'avait rien à faire dans cette rubrique, que Carton Rouge dans notre langue différerait par le sens de l'expression Quart de Rouge, et que les terrains de foot étaient baignés dans leur généralité par le fleuve Bière. Pavu Paprika, européen des nouvelles hybrides, mi roumain, mi hongrois, fut frappé de plein fouet par la révélation énoncée par la première dame de France le 23 Novembre 2009. Aussitôt, tel Saint Patrick gagnant l'Irlande, ou Saint Paul s'échouant à Malte, Pavu se mit en tête de quitter ses Carpates et de convertir l'hexagone. Quelle ne fut pas sa désillusion en constatant dès son arrivée que c'était chose faite depuis belle lurette. Dès lors Pavu Paprika n'eut de cesse de rencontrer celle qui l'avait devancé, et personne ne put l'en dissuader : de Belle Lurette il fit sa Dulcinée, sa Béatrice, sa Laure, son Héloïse. D'un point de vue purement psychanalytique, Pavu Paprika a effectué un déplacement, d'une personnalité intouchable, hors de sa portée, à laquelle il ne pouvait même se permettre de rêver, vers une autre, tout aussi intangible dans le réel, mais accessible dans l'imaginaire.

    Lorsque j'entends la voix de Monsieur D. Cohn Bendit (DCB), un mauvais souvenir m'envahit aussitôt. Nous avons le même âge, je me rappelle l'avoir vu aux actualités, hurlant CRS ! S!S! devant des fils de fossoyeurs (j'écris cela parce que j'ai connu un CRS dont le père exerçait cette fonction ; je renvoie le lecteur à la lecture bourdieusienne des tableaux de mobilité sociale). Chez nous, S.S. avait une certaine connotation qui nous en faisait réserver l'usage. Il y a quelques jours, la même voix de celui qui est devenu le monsieur je-sais-tout j'ai-tout-vécu je-suis-copain-avec-tout-le-monde même-mes-adversaires-politiques du Barnum médiatique moleste mes tympans. Question parler plus fort que tout le monde, il s'y entend, si bien que même quand il cause tout seul, il vocifère comme à l'assemblée européenne. Et de quel sujet l'histrion de l'écologie va-t-il nous entretenir ? Je vous le donne en mille. Du sujet le plus sérieux du moment. Du foot-ball ! Alors là, on atteint le summum. J'utilise ce latinisme pour le disposer favorablement, car il en raffolle : La main de Thierry Henry, c'est le summum de la chance" ; avec l'intervention du président dans les affaires de la FIFA, « On atteint le summum du ridicule! Le vaudeville joue les prolongations à un niveau supérieur ».

    Monsieur DCB dénie à Monsieur Sarkosy le droit de s'immiscer dans les ténébreux vestiaires du football. Je lui emboîterais  bien le pas, mais je n'avais pas compris que la pelouse était chasse gardée ! Car notre gauchiste en tâte pour le gazon, et entreprend de donner son avis sur le monde du ballon rond, le jeu des Bleus, les stratégies des différentes équipes encore présentes au Cap. Surtout, s'insurge contre l'idée d'un contrôle vidéo, alors que les erreurs d'arbitrage s'accumulent, dont certaines des plus grossières et contrariant l'issue des matches. Personnellement, qu'à la turpitude du jeu proprement dit s'ajoute l'iniquité d'un jugement arbitral refusant un but évident ou accordant un penalty sur simulation, me conforte dans ma perception de l'existence, comme lorsque la couardise se complique d'une délation, par exemple. Revenons à l'application de l'électronique la plus moderne à la version contemporaine du jeu de soule. Pourquoi, chez DCB, tant d'hostilité vis-à-vis de la modernité ? Parce-que, cramponnez-vous à ce qui vous reste de raison, 
« l'erreur d'arbitrage est la beauté même de cette tragédie qu'est le football ». Nous y voilà. Il faudrait demander à Dyonysos  la permission de partager entre Sophocle et Domenech les services de Melpomène, la muse du genre dont se réclame DCB. Le problème est que si l'on tient à la métaphore réciproque du terrain de foot et de la vie - contrairement à la métaphore de l'échiquier, d'où est banni tout hasard, puisque chacun à son tour entame la partie - alors la tragédie de l'un renvoie à celle de l'autre. Ceci me rappelle une oeuvre remarquable exposée à la Dogana del mare, "A football match of June 14th, 2002" de l'artiste franco-chinois Huang Yong Ping. Je ne vois guère de place pour l'utopie fût-elle peinte en vert dans cette subordination commune au fatum. Commencer à mettre un peu d'équité dans le jeu de football dépasse DCB, qui voudrait en mettre tant dans la vie réelle. Comme si le foot n'était pas la vie réelle, comme si acheter un billet d'entrée dans un stade n'était pas réellement cautionner un système aussi corrompu que l'essentiel des activités humaines. La seule différence entre les deux régistres, est que la vénalité du football est évidente, lisible par un enfant de six ans pourvu d'un minimum de sens critique. Va pour sept ans.

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