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Le cerveau des jésuites revisité (Conférences)

 Le cerveau des Jésuites

Fascination et Sidération


   Le titre de cet exposé vous a paru sans doute déroutant. J’espère réussir à vous convaincre qu’il n’est pas fantaisiste. Le hasard d’une coexistence est en ce qui me concerne souvent à l’origine du développement d’un cheminement de pensée admis sans défiance, un peu comme lorsque l’on accepte de s’égarer dans une ville étrangère, confiant dans la possibilité qu’ainsi l’on rencontrera l’imprévu, méconnu lorsque l’on suit les sentiers battus.

    Ma rencontre avec les Jésuites est très ancienne. Elle date du temps où je me suis intéressé à l'histoire de l'albinisme - à cette occasion j'ai longuement consulté les mémoires de Trévoux, l'organe des jésuites où se trouvent commentées toutes les productions théoriques du XVIIIe siècle. Chemin faisant je rencontrai le caméléon, et son implication dans les recueils d'emblème dont certains d'entre vous se rappellent peut-être que je leur ai exposé l'usage oxymorique dans l'illustration impossible du fameur festina-lente. Puis, alors que je m'inquiétai à propos de la disparition dans les oubliettes du cognitivisme, d'une notion, la volonté, dont on ignorera bientôt jusqu'à l'orthographe, je la redécouvrit parmi les principes des exercices spirituels de Saint Ignace sous une forme particulière, la Nolonté, acte de la volonté qui dit non nous disent les dictionnaires, et action de ne pas vouloir, comme l'entendaient Saint Augustin et Saint Thomas d'Acquin. La Nolition, Enfin, en tant que Voltairien, au sens où l'on est pour Voltaire et contre Rousseau, j'ai dû tempérer mon admiration à mesure de la détestation de l'un de mes auteurs favoris envers la Compagnie de Jésus.

    Je voudrais commencer par ce curieux système des emblèmes, qui nous est aussi étranger que le sont les hyéroglyphes, auxquels ils sont apparentés par la tradition, qui nous entraîne dans un mode de pensée que nous ignorons tout à fait. Loin d'être, comme je l'ai lu, apparentés à l'allégorie - l'allégorie est une manière de dire très conformiste et dont la signification est sans la moindre ambiguité - les emblèmes s'ils utilisent la même méthode de codage afin de produire un rébus sémantique sont beaucoup plus approximatifs - le code est dégénéré. Il n'est absolument pas naturel (cf théorie du signe de Saint Augustin). Je voudrais vous entraîner quelques minutes dans un univers inventé il y a peu, que je n'appelerai pas ésotérique, car la question principale n'est pas le partage d'un secret entre initié : il ne faut jamais perdre de vue que pour les Jésuites, il faut enseigner et convertir, et que les emblèmes sont utilisés à des fins pédagogiques. Or, ce qui est enseigné, vaut le détour : car soit nous avons perdu la ou les clefs qui nous permettraient de comprendre ces recueils, soit nous sommes confrontés à un système de signification crée de toute pièce, un nouveau langage, dont la fonction demeure floue, reposant sur un ajustement très imparfait des images et des textes.

Trois thèmes majeurs définissent le jésuitisme :

Dessein universel  : missions
Engagement actif dans le siècle
Rôle privilégié accordé au travail de l’esprit, à l’acquisition des connaissances : enseignement

Austérité Faste
Prédestination, double prédestination
Serf arbitre vs libre arbitre

Missions
Enseignement
Formation des missionnaires
Elites

Qu’est-ce qu’un emblème ?

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Andrea Alciati ( 1492- 1550)  Emblemata 1549


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    Puisant dans un imagier et créant des emblemes selon un code de correspondance, code dénaturé, destiné aux peintres, poètes, sculpteurs, graveurs, médaillers, brodeurs, tapissiers, porcelainiers, décorateurs selon des règles qui varient et vont aboutir à des sous-genres : les imprese, les devises, l’iconologia : en particulier, l’intelligibilité ne doit pas être évidente, ni trop absconse.

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    Enracinée dans les blasons, les devises, les bestiaires ; ajoutons la mode des hyéroglyphes

    Combinant un motto, une pictura, un commentaire

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Le caméléon est un être théorique jailli de l’histoire naturelle de Pline : qui se nourrit d’air, imite les couleurs environnantes et se meut très lentement

Nous donnerons trois exemples précis utilisant le caméléon

-    ad adulatores : cf Erasme, Della Porta, la Bruyère, et d’autres,
-    mutabile semper
-    festina lente : oxymore

ad adulatores

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Version Lefèvre du recueil d’Alciato  (1492-1550) : In adulatores, intitulé dans la version française Desloyauté, sous-titrée Contre les flateurs.
Alciato: Les emblemes, Lyon: Macé Bonhomme,

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Mutabile Semper

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Festina lente


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Camille Corot Château Saint-Ange Musée des Beaux-Arts de Lille

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Jésuites : émotion volonté

Menestrier

Contre réforme

Imagination

Volonté


    S. f. (Métaphys.) est la puissance & la capacité de faire quelque chose. Voyez PUISSANCE.

Les anciens philosophes, pour expliquer l'action de la digestion, supposoient dans l'estomac une faculté digestive : pour expliquer les mouvemens du corps humain, ils supposoient une faculté motrice dans les nerfs. Cela s'appelle substituer un mot obscur à un autre qui ne l'est pas moins.

Les facultés sont ou de l'ame ou du corps.

Les facultés ou puissances de l'ame sont au nombre de deux, savoir l'entendement & la volonté. Voyez PUISSANCES. Voyez aussi ENTENDEMENT & VOLONTE.

On distingue ordinairement les facultés corporelles, par rapport à leurs différentes fonctions ; ainsi on entend par facultés animales, celles qui ont rapports aux sens & au mouvement, &c. Chambers.

FACULTE, (Physique & Medecine) en général est la même chose que puissance, vertu, pouvoir, facilité d'agir, ou le principe des forces & des actions. La science des forces & des puissances est ce que les Grecs appellent dynamique, de , je peux. Voyez DYNAMIQUE.

Quelques auteurs confondent mal-à-propos les forces avec les facultés ; mais elles different entr'elles de la même façon que les causes different des principes. La force étant la cause de l'action, entraîne l'existence actuelle. La faculté ou puissance n'en entraîne que la possibilité. Ainsi de ce qu'on a la faculté d'agir, il ne s'ensuit pas nécessairement qu'on agisse ; mais toute force existante emporte proprement une action, comme un effet dont elle est la cause.

En Medecine, n'ayant à considérer que l'action de l'homme & celle des corps qui peuvent changer son état en pis ou en mieux, on a toûjours traité des facultés de l'homme, & de celles des remedes, des poisons, &c.

Les anciens ont divisé assez arbitrairement les facultés de l'homme, tantôt en deux, tantôt en trois genres, dont ils n'ont jamais donné des idées distinctes ; car les facultés qu'ils appellent animales, sont en même tems vitales & naturelles : les naturelles sont aussi vitales & animales. Ils ont même soûdivisé chacun de ces genres trop scrupuleusement, en un grand nombre d'especes, ainsi qu'on vient de le voir.

Les modernes donnant dans un excès opposé, ont voulu bannir tous ces termes consacrés par l'emploi qu'en ont fait tous les maîtres de l'art pendant deux mille ans ; ce qui nous mettroit dans l'impossibilité de profiter de leurs écrits, qui sont les sources de la Medecine.

Mais sans adopter tous les termes des facultés que les anciens ont établis, ni vouloir les justifier dans tous les usages qu'ils en faisoient, on ne peut non plus se passer en Medecine du terme de faculté ou de puissance, qu'on ne peut en Méchanique se passer des forces attractives, centripetes, accélératrices, gravitantes, &c. Ce n'est pas à dire qu'on sache mieux la raison d'un effet, comme de la chûte d'un corps, de l'assoupissement produit par l'opium, quand on dit que la gravité est le principe de l'un, & la faculté ou vertu narcotique l'est de l'autre ; mais c'est qu'on est nécessité, dans les Sciences, d'employer des expressions abrégées pour éviter des circonlocutions ; comme en Algebre, on est obligé d'exprimer des grandeurs, soit connues, soit inconnues, par des lettres de l'alphabet, pour faciliter à l'entendement les opérations qu'il doit faire sur ces objets, tout occultes ou inconnus qu'ils puissent être.

Les anciens ont reconnu dans les corps deux sortes de facultés, dont on ne doit pourtant la véritable distinction qu'à Leibnitz : savoir 1°. les facultés ou pouvoirs méchaniques, tels que sont ceux de tous les instrumens de Chirurgie, de Gymnastique, agissans par pression ou par percussion, relativement à la figure, la masse, la vîtesse, &c. des corps, & au nombre, à la situation de leurs parties sensibles ; & 2°. les facultés physiques, telles que sont celles des médicamens, des alimens, lesquels n'agissent que par leurs particules séparément imperceptibles, & dont nous ignorons la figure, la vîtesse, la grandeur, & les autres qualités méchaniques.

Comme nul changement ne peut se faire dans les corps que par le mouvement, toutes les facultés des corps agissent par des forces mouvantes, sur la premiere origine desquelles on est depuis long-tems en dispute. Les Medecins ont suivi sur cela les opinions qui ont été les plus à la mode, chacune en son tems. Aristote, Descartes, Newton, successivement les ont gouvernés.

On peut pourtant, ce me semble, quand il s'agit des facultés de l'homme, concilier ces sentimens en établissant que le principe du sentiment, du mouvement musculaire, enfin de la vie de l'homme, l'est aussi de tous ses mouvemens méchaniques, soit libres, soit naturels ; & la puissance générale qui fait approcher les corps les uns vers le centre des autres, communément nommée attraction ou adhésion, est le principe des mouvemens spontanés, qui arrivent sur-tout dans les liqueurs des animaux, des végétaux, ainsi que de l'action des médicamens & des alimens ; sauf aux Cartésiens, à expliquer ce dernier principe par leurs tourbillons, ce qui ne paroît propre qu'à transporter la difficulté.

Les facultés des médicamens, prises indépendamment de la sensibilité du sujet qui en use, & en ne les estimant que par les effets qu'ils peuvent produire sur un corps inanimé, se peuvent déduire des regles de l'adhésion, comme l'a fait le savant professeur Hamberger dans plusieurs de ses dissertations. C'est ainsi que les molécules des délayans, des humectans, s'insinuent dans les pores du corps en diminuant la cohésion de ses parties élémentaires ; au lieu que les dessicatifs font évaporer l'humidité superflue, qui empêchoit l'adhésion mutuelle des parties. On peut déduire de ce même principe, l'action propre de tous les altérans ; mais pour expliquer les effets évacuans, il faut faire concourir la faculté mouvante de l'homme, laquelle correspond à sa sensibilité : ces médicamens ne font que solliciter ces deux puissances à agir.

Quant aux facultés de l'homme, on peut les diviser en deux sortes, savoir en celles qui lui sont communes avec les végétaux ; telles sont la faculté d'engendrer, de végéter, de faire des secrétions ; & de digérer des sucs qui lui servent de nourriture. Les anciens & les Stahliens ne sont pas fondés à attribuer ces facultés à l'ame, à moins que d'abuser ridiculement de ce terme, & de lui donner une signification contraire à l'usage reçû. On ne peut pas non plus les appeller naturelles, à moins que d'entendre par le mot de nature l'univers, l'ame du monde, ou pareilles significations, qui sont le moins d'usage parmi les Medecins. Voyez NATURE.

Les facultés que l'homme possede, & qui ne se trouvent point dans les végétaux, sont de trois sortes ; savoir celle de percevoir ou connoître, celle d'appéter ou desirer, & celle de mouvoir son corps d'un lieu en un autre.

La faculté de percevoir est ou inférieure ou supérieure. L'inférieure, qui est commune à tous les animaux, s'appelle instinct ; la supérieure est l'entendement ou la raison.

L'instinct differe de l'entendement en ce qu'il ne donne que des idées confuses, & l'entendement est le pouvoir de former des idées distinctes. L'instinct se divise en sens, & en imagination. Le sens ou le sentiment, est le pouvoir de se représenter les objets qui agissent sur nos organes extérieurs ; on le divise en vûe, oüie, odorat, goût, & tact. L'imagination est le pouvoir de se représenter les objets même absens, actuels, passés, ou à venir : cette faculté comprend la mémoire & la prévision.

L'entendement forme des idées distinctes des objets, que l'ame connoît par l'entremise des sens & de l'imagination. Les sens ne nous donnent des idées que des êtres individus ; l'entendement généralise ces idées, les compare, & en tire des conséquences, & cela par le moyen de l'attention, de la réflexion, de l'esprit, du raisonnement, & sur-tout des opérations de l'Arithmétique & de l'Analyse.

Le principal usage de la perception est de connoître ce qui nous est utile & ce qui nous est nuisible ; & ainsi cette premiere faculté nous a été donnée pour diriger la seconde, qui nous fait pancher vers le bien & nous fait éloigner du mal. Le sentiment nous ayant fait connoître confusément, quoique clairement, ce qui nous est agréable, nous l'appétons ou le desirons, de même que nous avons de l'aversion pour ce qui nous paroît desagréable au sens ; ce penchant s'appelle cupidité ou aversion sensitives, desquelles on ne sauroit rendre des raisons distinctes : telle est l'aversion du vin, la cupidité ou l'appétit d'un tel aliment.

Mais quand l'entendement s'est formé des idées distinctes du bien ou du mal qui se trouve dans un objet, alors l'appétit qui nous porte vers l'un ou nous éloigne de l'autre, s'appelle volonté ou appétit rationnel, dont on peut dire les raisons ou les motifs.

Or ces penchans & ces aversions nous auroient été inutiles, si en même tems nous n'avions eu le pouvoir d'approcher les objets utiles ou agréables de notre corps, & d'en éloigner ceux qui sont nuisibles ou qui déplaisent. La faculté mouvante étoit nécessaire pour ce but ; c'est celle qui par la contraction musculaire exécute ces mouvemens qu'on ne trouve que chez l'homme & chez les animaux.

Les mouvemens qui sont excités en nous, conséquemment à des idées confuses ou au sentiment du bien ou du mal sensibles, & dont le motif est la cupidité ou l'aversion naturelle, sont communément attribués à une puissance, que les Medecins appellent la nature ; & les actions qu'elle exécute sont appellées actions naturelles. Galien dit que la nature est le principe des mouvemens qui tendent à notre conservation, & qui se font indépendamment de la volonté souvent par coûtume, ou quoique nous ne nous souvenions point des motifs qui les déterminent.

Quant aux mouvemens qui sont déterminés par la notion du bien ou du mal intellectuel, & en conséquence par la volonté ou la nolonté, comme parle M. Wolf, ils sont communément attribués à une faculté de l'ame qu'on nomme liberté, qui est le pouvoir de faire ou d'omettre ce qui parmi plusieurs choses possibles, nous paroît le mieux conformément à notre raison ; & dé-là les actions prennent le nom de libres.

Ainsi nos actions sont divisées par les philosophes moralistes en libres & en naturelles. Il y a une différence essentielle entre les unes & les autres, quoique le motif des unes & des autres soit toûjours la perception claire ou obscure du bien & du mal ; car les libres sont déterminées par la raison & la volonté, quoiqu'elles ne soient pas toûjours conformes à la droite raison & à la vérité : ce sont les seules actions qui nous sont imputées ; elles sont du ressort de la Jurisprudence & de la Morale.

Mais les actions naturelles sont déterminées par la perception claire ou obscure, mais toûjours confuse du bien & du mal, les sens ne pouvant seuls nous en donner des idées distinctes, & nous nous y portons par une cupidité ou une aversion aveugles dont nous connoissons quelquefois clairement les motifs, comme dans les passions, & quelquefois nous ignorons ce motif, comme dans le mouvement des organes cachés à la vûe ; & dans les actions que nous faisons par coûtume.










Emblemes    humanisme italien

Les Jésuites et la musique


1526 (Les Theologastres, ap. Julleville, Comédie au Moyen-Age, p.190: Nolitions, volitions, Qui ne valent pas deux oignons)

Philosophie du libre arbitre +++++

    La volonté, contrôle de l’action ; si l’on part du principe que l’action est première, spontanée, son contrôle ne peut se faire que par inhibition et la motivation semble insuffisante à définir cette fonction d’où la justification du maintien du concept de volonté/nolonté

    Ribot maladies de la volonté



De même dans le musée de Boston, me trouvais-je en l'espace de quelques minutes confronté d’une part, à ce tableau,

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Hendrick Goltzius, (Hollande,1558-1617) Suzanne et les vieillards 1615
138 x 104 cm Huile sur toile  Boston Musée des Beaux Arts Photo BK

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Hendrick Goltzius, (Hollande,1558-1617) Suzanne et les vieillards 1615
138 x 104 cm Huile sur toile  Boston Musée des Beaux Arts Photo BK

d’autre part, à cette statue :

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     Entre les deux, je rencontrais X..., qui me lança malicieusement : alors, à la recherche d’un sujet ? Je lui montrai le détail qui faisait de cette énième version de Suzanne et les vieillards, sujet éminemment érotique parmi les thèmes obligés de l’histoire sainte, comme les filles de Loth ou les Charités romaines, autre chose qu'un simple prétexte à nous dévoiler une jolie baigneuse : un dauphin grimpé sur une tortue. La signification de ce tandem parut évidente à ce fils de la cité phocéenne. Moi-même j'y décelais une autre figure, de rhétorique celle-là, qui m'était familière ; mais je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle Goltzius avait utilisé cette trope dans ce tableau précisément. Caprice du commanditaire ? Fantaisie du peintre ? Hasard d'une fontaine - je collectionnais alors les fontaines de Suzanne. La rencontre quelques mois plus tard à Douai d'une autre version du même Goltzius me conforta dans l'idée que le hasard n'était probablement pour rien dans ce choix :

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Hendrick Goltzius, (Hollande,1558-1617) Suzanne et les vieillards 1615 ? détail
Huile sur toile  Douai Musée de la Chartreuse Photo BK

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Hendrick Goltzius, (Hollande,1558-1617) Suzanne et les vieillards 1615 ? détail
Huile sur toile  Douai Musée de la Chartreuse Photo BK

    Que je retienne de cette visite, un dauphin et un crâne fendu : voilà qui peut vous sembler bizarre. Patience.

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Raffaello Sanzio (1483- 1520) l’École d’Athènes 1509 Fresque, largeur à la base 770 cm
Stanza della Segnatura, Palazzi Pontifici, Vatican


    Vous savez le pouvoir que cette fresque de Raphael, l’école d’Athènes, exerce sur ma faculté de pensée : aujourd’hui, nous ne prendrons en considération qu’Aristote, en ce qu’il fut l’auteur d’une rhétorique des passions dans laquelle est exposée un schéma général de l’action du logos, du langage émis par un locuteur sur l’auditeur : c’est ce que l’on appelle le triangle rhétorique qui va gouverner deux mille ans de pratique oratoire.

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    La rhétorique est pour faire court l’art de la persuasion. Elle est le premier des sept arts libéraux, enseignés depuis les grecs et formant la base d’une éducation : la grammaire, la dialectique, la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie et la musique. Elle est bien entendu intimement liée avec la pratique des procès.

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Sandro Botticelli Un jeune homme introduit auprès des sept arts libéraux 1484
Grammatica, Dialectica, Rhetorica, Arithmetica, Musica, Geometrica, Astrologia
Fresque transferée sur toile, 238 x 284 cm Musée du Louvre, Paris

    Elle s’est enseignée jusqu’à peu, son sens a évolué, et actuellement le terme de rhétorique est souvent péjoratif, renvoyant aux astuces d’un orateur politique entreprenant de vous faire prendre des vessies pour des lanternes, et un traité de rhétorique est perçu le plus souvent comme un catalogue de figures de style, les figures de rhétorique, appelées encore tropes, et si vous connaissez tous la métaphore, la métonymie, l’ellipse, la litote, l’euphémisme, peut être êtes vous moins à l’aise avec la synecdoque et l’antonomase.

    Cet appauvrissement du sens est déplorable, mais non dénué de signification : je voudrais rappeler ici que la rhétorique supposait une théorie du sujet produisant le discours, le locuteur, et du pouvoir de ce discours sur l’interlocuteur. Or c’est là une question capitale, comment parvenons nous à convaincre autrui, et comment autrui peut-il nous convaincre, que ce soit dans le domaine de la croyance ou de l’action. Il s’agit d’une bataille livrée quotidiennement, et nous sommes bien placés pour en parler.

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Aristote Le triangle rhétorique : Prenons l’exemple d’une discussion célébre, celle de Platon et Aristote, et imaginons que celui qui parle, est Aristote.

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    Logos ethos pathos : Le logos représente la logique, le raisonnement et le mode de construction de l'argumentation. Il s'adresse à l'esprit rationnel de l'interlocuteur.L’éthos représente le style que doit prendre l'orateur pour capter l’attention et gagner la confiance de l'auditoire, pour se rendre crédible et sympathique. Il s'adresse à l'imagination de l'interlocuteur. Aristote définit le bon sens, la vertu et la bienveillance comme étant les éléments facilitant la confiance en l'orateur. On pourra y ajouter la franchise et la droiture.Le pathos s'adresse à la sensibilité de l'auditoire (ses tendances, passions, désirs, sentiments, émotions...). L'orateur cherche à faire ressentir à l'auditoire des passions : la colère, l'amour, la pitié, l’émulation... De son côté, l'orateur ne doit pas se départir de son calme, de son rôle de sage.Ethos et pathos cherchent à séduire l'auditoire.Roland Barthes liait l’éthos à l’émetteur, le pathos au récepteur et le logos au message.

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Cicéron ( - 106-43) :  « prouver la vérité de ce qu'on affirme,
 se concilier la bienveillance des auditeurs,
éveiller en eux toutes les émotions qui sont utiles à la cause »

Quintilien (Ier siècle apr. J.-C)
De l’institution oratoire

・L’inventio
・La dispositio
・L’elocutio (style et figures de style, tropes )
・La memoria (apprentissage du discours, art mnémotechnique)
・L’actio ( récitation du discours )

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Rubens Saint Augustin Bührle Collection Zurich

Saint Augustin De Doctrina Christiana
Homélitique : rhétorique des sermons

Saint Augustin, champion de l’orhodoxie contre l’hérésie, devient une icône de la contre réforme

Ordres prédicateurs : frères précheurs franciscains, dominicains

Sain Antoine de Padoue le plus célèbre prédicateur franciscain

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Domenico Piola (1627-1703) la donation du Rosaire à saint Dominique et la donation du cordon à saint François. Huile sur toile (370 x 277 cm).  Bastia, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste.

Qu’est-ce qu’un emblème ?

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Andrea Alciati ( 1492- 1550)  Emblemata 1549


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    Puisant dans un imagier et créant des emblemes selon un code de correspondance, code dénaturé, destiné aux peintres, poètes, sculpteurs, graveurs, médaillers, brodeurs, tapissiers, porcelainiers, décorateurs selon des règles qui varient et vont aboutir à des sous-genres : les imprese, les devises, l’iconologia : en particulier, l’intelligibilité ne doit pas être évidente, ni trop absconse.

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    Enracinée dans les blasons, les devises, les bestiaires ; ajoutons la mode des hyéroglyphes

    Combinant un motto, une pictura, un commentaire

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Le caméléon est un être théorique jailli de l’histoire naturelle de Pline : qui se nourrit d’air, imite les couleurs environnantes et se meut très lentement

Nous donnerons trois exemples précis utilisant le caméléon

-    ad adulatores : cf Erasme, Della Porta, la Bruyère, et d’autres,
-    mutabile semper
-    festina lente : oxymore

ad adulatores

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Version Lefèvre du recueil d’Alciato  (1492-1550) : In adulatores, intitulé dans la version française Desloyauté, sous-titrée Contre les flateurs.
Alciato: Les emblemes, Lyon: Macé Bonhomme,

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Mutabile Semper

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Festina lente


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Camille Corot Château Saint-Ange Musée des Beaux-Arts de Lille

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    Procédé rhétorique largement utilisé par les Jésuites qui commanditent en l’espace de deux siècles et demi cinq cents recueils d’emblèmes sur les quinze cents recensés. La réalisation d’emblèmes est au programme des collèges tenus par les Jésuites, au même titre que le théatre.

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Jésuites : St ignace

    Né en 1491 au pays Basque ; militaire, il est blessé en 1521 lors du siège de Pampelune. Il traverse alors une crise qui l’amène à suivre les enseignements de grammaire et de théologie des universités de Barcelone, Alcala, Salmanque puis Paris. Il fonde la compagnie de Jésus en 1540.

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Austérité Faste
Prédestination, double prédestination
Serf arbitre vs libre arbitre


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    Prenons l’exemple d’une discussion picturale célébre, celle de Platon et Aristote, et imaginons que celui qui parle dans sa barbe, est Aristote. D’autant plus que Platon détestait les rhéteurs, les manipulateurs de l’esprit. Peu après Denis Gauthier publiera la rhétorique des Dieux, i.e. la musique

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Trois thèmes majeurs définissent le jésuitisme :

Dessein universel  : missions
Engagement actif dans le siècle
Rôle privilégié accordé au travail de l’esprit, à l’acquisition des connaissances : enseignement

Austérité Faste
Prédestination, double prédestination
Serf arbitre vs libre arbitre

Missions
Enseignement
Formation des missionnaires
Elites

Jésuites : émotion volonté

Menestrier

Contre réforme

Imagination

Volonté

Emblemes    humanisme italien

Les Jésuites et la musique
       
Zeki S, Marini L. Three cortical stages of colour processing in the human brain.
Brain 1998;121:1669-85


Philosophie du libre arbitre +++++

    La volonté, contrôle de l’action ; si l’on part du principe que l’action est première, spontanée, son contrôle ne peut se faire que par inhibition et la motivation semble insuffisante à définir cette fonction d’où la justification du maintien du concept de volonté/nolonté

    Ribot maladies de la volonté

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Saint Pierre Martyr

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Saint Pierre Martyr

Intentionalisation après coup chorée



Nostalgie de cette vision jésuitique

Spinoza : notre liberté se limite-t-elle à la connaissance de ce qui nous détermine, nos motivations

Ou bien, est il encore possible de nous fier à l’expérience que chacun de nous a faite, de l’exercice de ce que 


    Jan Steen Rhétoriciens à la fenêtre 1662-66
Huile sur toile, 74 x 59 cm 
Philadelphia Museum of Art

Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (1842-1923) Démosthène s'exerçant à la parole,

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Lorenzo Lotto Saint Pierre Martyr Musée de Harvard

 « Je vais ou je vas mourir, l'un et l'autre se dit ou se disent » Père Bouhours.