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La mort de Didon, de Sebastien Bourdon (notre arc-en-ciel quotidien)

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Sebastien Bourdon (1616-1671) La mort de Didon (1640) Musée de l’Ermitage
( une réplique existe au musée des Beaux-Arts de Bézier)


    Alors que chez Euripide, Thanatos, le Dieu de la mort, coupe une boucle de la chevelure du mourant avec son épée, chez Virgile cette fonction est réservée à Proserpine la fille de Cérès, enlevée par Hadès, dieu des Enfers , et restituée lorsque les saisons disparurent en raison du chagrin de Cérès séparée de sa fille; laquelle confie cette tâche à Iris. Cet épisode de l’Enéide est commenté par Macrobe dans les Saturnales (V,15). L’histoire de Proserpine sera développée plus loin (cf p ).  Iris coupait le cheveu fatal des femmes qui allaient mourir, tandis que Mercure faisait sortir l’âme des corps des hommes agonisants.

    La mort de Didon (IV, 693-705) illustre cette intervention fatale : la fille du roi de Tyr, fondatrice de Carthage, après avoir été abandonnée par Enée, s’immola sur un bucher non sans s’être préalablement percé le sein avec le glaive du fils d’Anchise, afin d’échapper à la demande en mariage d’un voisin roi.


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    Le récit de son agonie est épouvantable, au point que Junon prise de pitié lui dépêche Iris, l’indolente Proserpine tardant à couper le cheveu qui retient la reine trépassante à la vie. C’est Iris, dont les ailes sont luisantes de rosée, qui vole au dessus de la tête de Didon et lui dit « je vais, selon l’ordre qui m’est donné, porter à Pluton ce gage qui lui appartient, et je te délivre des liens du corps » Elle dit, et sa main coupe le cheveu.

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    Les représentations de la mort de Didon sont déjà nombreuses dans les enluminures, du début du Vème siècle conservées à la Biblioteca Apostolica du Vatican, du Roman d’Enéas écrit vers 1160, illustré au XIVème siècle et conservé à la Bibliothèque Nationale de France les livres d’heure (Maître de Boucicault vers 1415) ; de l’Enéide de Virgile (Maître dit « des Textes Romains ») ,  des Métamorphoses d’Ovide ( traduction de Chrétien Legouais vers 1385) ou encore du Roman de la rose ( Guillaume de Lorris et Jean de Meung au XVè siècle) : aucune ne représente Iris, ni son attribut métaphorique ( à contrôler) l’arc-en-ciel. Non plus la gravure d’Altdorfer.

    Entre les années 1630 et 1640, le sujet est traité par plusieurs peintres :  Didon meurt seule sur la toile du Guercin datée de 1631, et dans la version de Rubens. Iris apparaît avec la gouache de Giovanni Franceso Romanelli réalisée vers 1630-1635, et dans la toile de Simon Vouet vers 1640.