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La complainte du canard bouilli (Le coup de fourchette de Jean Piffre)

Le coup de fourchette de Jean Piffre, le glouton insatiable


Cette semaine : La complainte du canard bouilli qu'on avait cru laqué

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Nous  sommes à Hong Kong, mais il s'agit manifestement d'une paramnésie reduplicative d'Abbey Road avec une infinité de Beatles asiatiques

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à preuve

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Les rues étaient pentues et les estomacs criaient famines dans la langue de Confucius

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certains prétendent que c'est l'image d'un canard laqué - d'une dizaine de canards laqués découpés par dix garçons en frac dans un ballet gastronomique parfaitement synchrone sur la scène d'un restaurant de Shangaï ou de Pékin, qui envahit collectivement nos hippocampes hexagonaux

moi qui résiste à la notion d'image mentale quelle que soit l'affection que je porte à Hippolyte Taine, j'en profite pour affirmer ici où personne ne peut me contredire que ce ne sont pas des images mentales mais des mouvements

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et nos pas furent mystérieusement guidés vers un lieu très connu des initiés dont on évitera de prononcer le nom, compte tenu d'une terreur supersititeuse et surtout de ce qui va suivre ; et pourtant cà n'est pas faute d'avoir envie d'en dire du mal, de cet établissement.

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un resto bourré d'européens, très couru à Hong-Kong

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tiens en parlant de Confucius un exemple de non universalité de l'expression des émotions - loin de nous cependant l'idée de critiquer l'oeuvre de Darwin : ici, cette statue exprime la sagesse, le respect, le savoir acquis après des années de réflexions,

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pour moi il symboliserait plus volontiers la turpitude du gargotier qui va vous faire le coup de l'éventail

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"Ce canard laqué je vais l'appeler Sganarelle, pour rire" ironise M.B. : la culture sert à faire patienter en attendant le bon-vouloir du cuisinier et du serveur ; ici l'idée du canard serait pour certains toujours à l'origine d'une activité dopaminergique intense dans le noyau accumbens ; pour moi pas plus d'idée que d'image, mais un habile mouvement de baguettes menant la proie de l'assiette à l'orifice rostral de son prédateur.

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C'est mon Till Ullenspiegel à moi, précise M.B 2., qui a fait la moitié des photos présentées ici

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waiting for the duck : quelques unes des nombreuses victimes de notre impatience

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en attendant ce fameux canard, je me ferais bien quelque chose d'un peu plus cruel : pourquoi pas des cuisses de grenouilles, qui me garantiront le double plaisir et de les manger, et de voir BK s'évanouir ?

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Passer de la délicate feuille du nénuphar au rugueux vermicelle, quelle déchéance

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croa ! croa ! J. en rajoute sans pitié pour la sensibilité de B.K

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heureusement il y avait des plats moins effrayants

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Par tous les sages de la vitrine, tout ceci ne me dit rien qui vaille, S.B. est le seul qui pressente l'intensité du drame en gestation

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Et ce ne sont pas les petits nains dans la vitrine qui vont nous rassurer

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effectivement ce fut horrible : une mise en charpie. Nous disposons de la preuve vidéographique accablante de la duplicité de ce canard qui simplement bouilli se fit passer pour laqué, une sorte de figure rhétorique assez curieuse rappelant le valet se faisant passer pour son maître, mais pas vraiment en raison de problèmes d'homophonie.




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En sortant du restaurant, j'aperçus un trio de poulpe qui exécutait une danse moqueuse à notre adresse : vous l'avez bien senti le coup du canard laqué-bouilli ?

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Ce n'est que bien plus tard que nous éventâmes le coup du Confucius : nous avions été endormis par un thé destiné à nous faire prendre les vessies pour des lanternes et les bouillies pour des laquais