Comment l'un des plus célèbres musées du monde peut-il être à ce point défaillant sur un aspect essentiel, l'éclairage ? Peu importe la vétusté des lieux, le côté folklorique de la cafétéria dont on a probablement oublié de repenser l'organisation depuis certains changements politiques de la fin des années quatre-vingt. Même les employés semblent ne pas avoir été concernés par la perestroïka. L'absence de maîtrise de la luminosité impose au visiteur de trouver devant chaque tableau l'angle le moins mauvais pour limiter au maximum les reflets de l'éclairage naturel, qui parvient par les fenêtres, ou artificiel, déversé par les néons.
Un exemple de ce que cette incurie peut infliger aux rétines et par voie de conséquence au lobe occipital provoquant une exaspération du cortex dans son ensemble : la Suzanne au bain de Salomon de Bray (1597-1664).
Salomon de Bray (1597 Amsterdam-1664 Amsterdam) Suzanne et les Vieillards
Le visiteur nous fera remarquer que Salomon de Bray n'est peut-être pas un peintre capital. Pour nous, si. La main du vieillard sur le bras de Suzanne est une merveille d'observation, et plus encore le mouvement de recul de la jeune femme. Il est l'auteur d'un Jael et Sisara que nous avons pu admirer à Utrecht et que l'on trouvera sur la page correspondante ( Musée des Beaux-Arts d'Utrecht ) ; et il est l'un des rares artistes à avoir peint une paire de jumeaux, hétérozygotes il est vrai. Peinture d'autant plus émouvante que la peste lui ôta un bon nombre de ses dix enfants, et peut être sa vie même. Il avait bien d'autres qualités : c'était un poète, mais aussi le réorganisateur de la guilde de Saint Luc. Goltzius et Cornelis van Haarlem furent ses maîtres - il passa d'ailleurs le plus clair de son temps dans la ville du second.
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