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14/05/08 Conférence Benoit Kullmann : actualités Parkinson 2008 Café des Arts place Yves Klein Nice 06000 29/05/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Beethoven 4Bd de Cimiez le Majestic NICE 06000 30/05/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer Hôpital de Cimiez Nice 06000 14/06/08 Conférence Benoit Kullmann : Paramnésie reduplicative ( Magritte et la neurologie) 15/09/08 Conférences Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénérative ; la paralysie supranucléaire progressive, naissance et démembrement ; le neurologue, entre dégénérescence cortico-basale et syndrôme cortico-basal : IUGM, Montréal 9H-12h 17/09/08 Conférence Pierre Lemarquis : la cognition motrice à travers l'exemple de Glenn Gould Centre des Sciences de Montreal 22/09/08 Conférences Benoit Kullmann : les démences fronto-temporales ; la chorée de Huntington IUGM, Montréal 9H-12h 23/09/08 Conférences Benoit Kullmann : la démence à corps de Lewy ; les atrophies multi-systémiques ; le neurologue et l'hystérie IUGM, Montréal 9H-12h 2/10/08 Conférence Benoit Kullmann : la neurologie au féminin 21/10/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Schubert 25/10/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Dopamine 2nd World Congress on Controversies in Neurology Athènes 20/11/08 Conférence Benoit Kullmann : variations sur la maladie d'Alzheimer I 12/12/08 Conférence Pierre Lemarquis : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 13/12/08 Conférence Benoit Kullmann : le sens de la douleur ; Apollon et Marsyas 05/02/09 Conférence Jean-Luc Delut : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI 07/02/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer 18/04/09 Conférence Benoit Kullmann : Inhibition et créativité 12/05/09 Conférence Michel Borg : Actualités de la maladie de Parkinson 12/05/09 Conférence Benoit Kullmann : Peinture et dopamine 12/05/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et dopamine 13/06/09 Conférence Benoit Kullmann : de la chéloniophilie 20/06/09 Conférence Benoit Kullmann : Paul Richer et l'environnement artistique de Charcot 04/07/09 Concert Francine Guillouët - De Salvador : Schubert 04/07/09 Conférence Jean-Luc Delut : Schubert 08/07/09 Conférence Oury Monchi : Neuroimagerie fonctionnelle des connexions fronto-striatales : Neuroimaging studies in Parkinson¹s disease. Centre Hospitalier Princesse Grace, Monaco 17 H 09/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Fiat Lux : de la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Dusseldorf 09/09/09 Conférence Pierre Lemarquis : Lux Fiat : Et la lumière fut: "J.S.Bach, du cerveau bien tempéré à la théorie du chaos : cerveau, musique et mathématiques Dusseldorf 19/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Magritte et la mémoire 08/10/09 Conférence Benoit Kullmann : l'image, entre virtuel et actuel C.U.M 21 H 26/11/09 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : du cerveau des facultés au cerveau des catégories 01/12/09 Conférence Michel Borg : Parkinson et dépression 01/12/09 Conférence Benoit Kullmann : l'art et le prosélytisme de la dépression 03/12/09 Conférence Jean-Luc Delut : Bach III ; rhétorique de la musique 05/12/09 Conférence Philippe Barrès : le What et le Where 05/12/09 Conférence Sandrine Louchart de la Chapelle : mémoires et émotions : « Une nouvelle dimension de la mémoire humaine » 08/12/09 Conférence Benoit Kullmann : douleur et théorie de l'esprit 09/12/09 Conférence Bruno Lussiez : anatomie de la crucifixion (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) 09/12/09 Conférence Benoit Kullmann : de la poétique à la politique de la douleur (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur) xx/12/09 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau est-il une machine ? 16/01/10 Conférence Benoit Kullmann : le regard et l'image mentale 27/02/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien : plasticité neuronale 27/02/10 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : un cerveau en matière plastique ? 06/03/10 Conférence Benoit Kullmann : la construction du cerveau, I : de la Vanité à la Prétention, Ajaccio, Corse 25/03/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer : actualisation des concepts, actualité thérapeutique 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénératives : nouvelles perspectives Montréal 10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : un neurologue en visite au musée de Montréal 24/04/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Nice 24/04/10 Conférence Philippe Barrès : Alzheimer et musique Nice 24/04/10 Conférence Michel Borg , D. Bellevy : maladie de Parkinson, voix et chant Nice 24/04/10 Conférence Jean-Luc Delut : psychanalyse de la musique Nice 24/04/10 Conférence Dominique Pringuet : Blues et dépression Nice 24/04/10 Conférence Benoit Kullmann : Les dysprosodies, Nice 5/06/10 Conférence Benoit Kullmann : (ombres au tableau) I renaissance et seconde mort de l'ombre II la naissance de la peinture Séville III contours : le regard en action 18/06/10 Conférence Benoit Kullmann : un fantôme dans le Tableau Neurologique Nîmes 29/06/10 Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer, Nice 5.07.2010 Conférence Benoit Kullmann : la maladie d'Alzheimer : du mythe à la mystification, Nice 09/09/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Mouans Sartoux 11/09/10 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (short version) Saint Paul 2.10.2010 Conférence Benoit Kullmann : un cauchemar cognitiviste, Nice 9.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : actualité du problème XXX du pseudo-Aristote, Cannes 16.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neuro-dégénérative (version longue), Nice 9.12.2010 Conférence Benoit Kullmann : l'attention, au delà du symptôme, Paris 13.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Les complications neurologiques du diabète Nice 15.01.2011 Conférence Philippe Barrès: Croyance et Savoir Nice 15.01.2011 Conférence Michel Benoît: Croyance et Suicide Nice 15.01.2011 Conférence Michel Borg : Vrai et Faux mouvements anormaux chez les personnes célèbres Nice 15.01.2011 Conférence Dominique Pringuey : Croyance et Délire Nice 15.01.2011 Conférence Saïd Bensakel: Croyances au cinéma : Diables et Démons Nice 15.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : L'incrédulité Nice 28.01.2011 Conférence Philippe Barrès : Troubles précoces du Langage et de la communication Marseille 28.01.2011 Conférence Pierre Bonhomme : Que reste-t-il du syndrome psycho-organique de Bleuler ? Marseille 29.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Préhistoire de la démence Marseille .2011 Conférence Benoit Kullmann : Hommes au bord de la crise de nerf facial Nice 17.II.2011 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice 19.II.2011 Conférence Pierre Lemarquis : aimer Jeff Koons est-il un signe de Maladie d’Alzheimer ? La Celle Conférence Le cerveau des Jésuites revisité I et II Fascination et Sidération La Celle le 19.II.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (long version) Monaco le 23.III.2011 Conférence Sexe, Grogs and Bacchanal's Bordeaux le 26.III.2011 Conférence Synesthésies Nice le 5.IV.2011 Conférence Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice le 14.IV.2011 Nice Conférence Crise, lorsque les corps, la nature et les sociétés se répondent Nice le 15.IV.2011 Nice Conférence La part du rêve le 7.V.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Copenhague le 14.V.2011 Conférence La neurothéologie : comment les neurosciences ont-elles accommodé la théologie le 21.V.2011 Conférence Le cerveau des philosophes : l'École d'Athènes le 23.V.2011 Conférence Expressions de la douleur le 22.VI.2011 Nice Conférence Renoir et la polyarthrite le 25.VI.2011 Cagnes sur mer Conférence Tchaïkowsky : variations sur le thème de l'âme slave le 10.VIII.2011 Santa Reparata, Corse Conférence Approche phénoménologique et anthropologique de la fibromyalgie le 18.IX.2011 Nice Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a bridge between neurology and art. Budapest le 24.IX.2011 Conférence Peindre l'altération de la familiarité le 1.X.2011 Monaco (podcast youtube) Conférence Vingt neuf ans après le 1.X.2011 Mougins Conférence consignes d'approche de la méthode phénoménologique le 6.X.2011 Nice Conférence Des passions aux émotions le 7.X.2011 Bordeaux Conférence L'hystérie, fin XIXe siècle le 8.X.2011 Cannes Conférence Lost in Temptations (À la recherche des Tentations perdues de Saint Antoine) Amsterdam, le 22.X.2011 Communication Contribution de Raphaël à l'iconographie épileptologique le 12.XI.2011 Bordeaux Conférence La douleur sur le champ de bataille (Charles Bell, de la douleur au douloureux) 17.XI.2011 Congrès Franco-Maghrébin Nice Conférence Magritte, un peintre neurologique 18.XI.2011 San Remo Conférence Des passions aux émotions : le point de vue du peintre et celui du musicien 19.XI.2011 San Remo Conférence Fibromyalgie le 25.XI.2011 Nice Conférence Fatigue (la naturalisation de la fatigue) le 3.XII.2011 Strasbourg Conférence Narcisse, Echo et le mythe des neurones miroirs le 16.XII.2011 Nice Mamac Cercle Castellion Conférence Neurosciences et liberté le 13.I.2012 Café Philo La Colle sur Loup Conférence Le souffroir le 26.I.2012 Nice D.U. Phénoménologie Conférence Conscience et hallucination (Les hallucinations dans la maladie d'Alzheimer) le 27.I.2012 Congrès du G.R.A.L Marseille Conférence la Volonté, une faculté sans domicile fixe le 4.II.2012 Nice XIVe Journée Neuro-Psychiatrique Conférence L'arc-en-ciel nationaliste Abbaye de la Celle le 18.II.2012 Conférence La douleur et la mémoire Nice le 23.II.2012 Association A.R.D. Conférence Illustration de quelques pathologies neurologiques dans la peinture Majorque le 25.III.2012 Conférence D'une Leçon à l'autre, une théorie de l'imitation fin XIXe Nice le 5.IV.2012 Journées Nationales de Neurologie de Langue Française Conférence Le rêve Nice le 6.IV.2012 Cannes, Université inter-âges Conférence Edgar Poe, la philosophie de l'ameublement le 14.IV.2012 Monaco Conférence Actualité sur les syndromes parkinsoniens 3.V.2012 Nice Conférence le 12.V.2012, Les noces arrangées du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 13.V.2012, Enquête sur Edgar Poe : travaux pratique sur les liens du génie et de la folie Saint-Tropez Conférence le 22.VI.2012, Le danger Porto Fino Communication le 6.VII.2012 ambigüité de l'expression faciale ; à propos d'une oeuvre de James Ensor Conférence le 7.VIII.2012 De la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Festival Musica Classica, Santa Reparata di Balagna Conférence le 29.IX.2012 Les disconnections expérimentales Maison du séminaire, Nice Conférence le 23.X.2012 Art et Parkinson : Beckett, Giacometti, l'immobilité, Nice Conférence le 15.XI.2012 Le souffroir Société de Phénoménologie Clinique et de Daseinsanalyse de Nice Conférence Better no brain than bad brain Conférence le 1.XII.2012, Magritte et la sémiotique : un peintre neurologique Nice Conférence le 16.II.2013 Mélomanie de Nietzsche Abbaye de la Celle, Nice Conférence le vendredi 12 Avril 2013 Les maladies de Nietzsche Journée Nietzsche, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : l'École d'Athènes, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : un rythme à quatre temps : Aristote et Platon, Héraclite et Démocrite, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : mais que font les stoïciens, Nice 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Descartes 2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Kant |
Recensions - Augustine
AUGUSTINE UN FILM QUE VOUS DÉTESTEREZ ADORER en hommage à Harry Lagman, interprète de J. R. Ewing, the man everybody loved to hate Jean-Philippe Delabrousse Mayoux a de quoi m’en vouloir, j’éprouve depuis des mois l’angoisse du courriel fond d’écran, et en dépit de mes promesses je n’ai pas eu la moindre idée qui méritât d’être publiée sur le blog de l’association. Cela ne le consolera pas, mais mon propre site est en jachère. Et puis le hasard m’apporte sur un plateau de tournage un film de la metteure en scène Alice Winocour, Augustine, pour lequel je ressens d’emblée une aversion de bonne augure en ce qui concerne une éventuelle petite production critique acariâtre. Pour quelle raison éprouvé-je sans même l’avoir visionné un préjugé aussi négatif ? La liste des raisons est longue : d’abord, Jean-Claude Monod et Jean-Christophe Valtat en 2011 - il y a moins d’un an - ont réalisé un moyen métrage exactement sur le même sujet : l’histoire d’Augustine en noir et blanc y était racontée en suivant à la lettre le compte rendu qu’en a fait Bourneville dans le troisième tome de l’Iconographie Photographique de la Salpêtrière.1 J’ai cru comprendre, mon gouvernement étant abonné à Télérama, que le genre du doublon (intouchables/de rouille et d’os, la guerre des boutons I et II) était en passe de devenir l’une des nouvelles caractéristiques de l’exception cinématographique française. Télérama me permet de parler de tout sans avoir rien vu, lu, ni entendu. Je dois à la lecture régulière de ses compte-rendus une expérience qui contribue à l’augmentation du degré d’empathie que parfois j’éprouve face à certains patients : ce sentiment intermédiaire entre le rire et le pleurer, qui transposé dans une sphère émotionnelle plus complexe s’avère le rictus partagé entre l’explosion joyeuse et la plus profonde détresse. Et la critique d’Augustine ne déroge pas : on a réveillé le plus ignare de l’escouade des plumitifs préposés à la critique cinématographique de l’hebdomadaire : l’action se passe, nous verrons plus loin qu’il y a discussion sur la datation, au plus tard en 1882 ; Freud, qui pour l'instant s'intéresse à la cocaïne, passera six mois chez Charcot, l’hiver 1885-1886. Et notre scribouillard d’affirmer bravement : "en des temps où la psychanalyse balbutie encore !" plus téméraire, voire adepte des médecines parallèles, il affirme la marginalité du professeur : "à l'écart de la médecine officielle, le professeur Charcot tente, par l'hypnose, de les guérir." Commençons par tordre le cou à la mise au rencart supposée du fondateur de la neurologie : à l’époque où se situe le film, Charcot, certes personnage hors normes, jouit d’une autorité majeure et d’une audience considérable. Sa carrière est faite, sa clientèle privée huppée. Certes il a des ennemis, mais plus encore d’amis. Parmi lesquels Léon Gambetta et Jules Ferry... Ensuite, est-il vraiment question, bien avant que Freud s’interroge à ce sujet, de les guérir ? Alors que le piège génial dans lequel est tombé Charcot est d’avoir trouvé comment reproduire expérimentalement la symptomatologie hystérique. Qu’il ait pensé éventuellement pouvoir les traiter, sans doute, mais l’essentiel est d’avoir identifié une pathologie nerveuse non lésionnelle qui soit reproductible expérimentalement. L’influence de Claude Bernard était en ces temps-là incommensurable. Autre péché je n’ose pas dire de jeunesse ( ils n’auraient quand même pas fait appel à un stagiaire pour la rubrique critique de film !), la reprise benoîte de l’idée dont est largement responsable Didi Huberman2, que l’hystérie aurait été une invention de la Salpétrière, et plus précisément de Charcot, ce que clamaient déjà ses contemporains, à leur tête le nancéen Hippolyte Bernheim, et le détestable Léon Daudet dans les Morticoles : "on qualifie d'« hystériques » — autant dire de monstres — de pauvres victimes qui, aux yeux des braves gens, semblent possédées du démon." Suggérons au chef de la rédaction de Télérama de rappeler avec diplomatie à ses subordonnés que l’hystérie a une longue histoire, que contrairement à ce que prétend un personnage du film rassurant Charcot en lui murmurant avec un air de conspirateur "votre maladie va être enfin reconnue", cette pathologie représentait un sixième de la consultation de Sydenham au XVIIe siècle, et avait fait l’objet d’un ouvrage de référence3 en 1859 - trois ans avant que Charcot ne prenne la responsabilité de la Salpétrière. Le Nouvel Observateur, dont je me dis chaque semaine que je devrais avoir le courage de résilier l’abonnement tant croyant réceptionner un journal d’opinion je reçois en réalité une version embourgeoisée du chasseur français, se borne à égrener platement quelques inepties : ainsi la reconstitution historique serait très fidèle ! Je peux citer cinquante erreurs, de l’anachronisme au non-sens, flagrantes ; les examens sont ultraviolents (j’aurais voulu que le rédacteur endormi de cet insipide commentaire assistât aux pneumoencéphalographies et autres artériographies sans anesthésie que je pratiquais il y a quarante ans), et si je concède que les séances d’hypnose pouvaient avoir lieu en public (c’était loin d’être la règle), les photographies avaient lieu dans un laboratoire spécial assez exigu à l’initiative de Charcot lui-même. Bien entendu le mot cobaye figure en bonne et due place, pensez-donc, c’est la fête des lieux communs. Même le Monde intitule son compte-rendu d’un insupportable « Augustine : derrière le cobaye du docteur Charcot, une héroïne des temps modernes » ! Lorsque j’entends le mot cobaye je dois doubler ma dose d’héroïne. L’audition fortuite d’une interview de l’acteur principal n’a rien arrangé mais j’imagine qu’il assumait sa part de la promotion. J’aurais pu faire l’économie d’un déplacement hors de ma chambre, prise de risque toujours sous-estimée, et me contenter d’une méta-analyse de la dizaine de critiques réunies en quelques requêtes auprès de mon moteur de recherche. Le moins pire siégeait dans les colonnes du Figaro, dont les critiques se veulent modernes sans doute pour tempérer la forte tendance réactionnaire de l’essentiel du journal, mais n’ont su éviter l’allusion consensuelle au cochon-d’Inde. Compte tenu de l’énormité de la dette morale qui me lie à Jean-Philippe je me suis mis en quête d’une salle de cinéma où l’on aurait projeté Augustine pour de vrai : il était grand temps, nous étions déjà rendus à la troisième semaine d’exploitation, les chiffres de fréquentation étaient calamiteux, soixante mille entrées la première semaine, à peine quarante mille la seconde, le film risquait de ne pas passer le cap de la troisième. Et voici qu’en ce samedi soir 15 décembre 2012, grâce soit rendue à mon téléphone intelligent, je découvre qu’au complexe les sept parnassiens, l’on joue à 21 h le film que je désespérai de visionner. Et pourtant tout commença bien, au point que je ravalai illico ma mauvaise humeur, prêt à changer de parti à la moindre occasion tel un politicien hexagonal ; en effet, l’image, la lumière, le premier plan fixant des crabes agitant leur pattes désespérées dans leur marmite funéraire, puis la poule à laquelle on a coupé le cou mais qui s’évertue à battre des ailes, et cette actrice à la fois gironde et butée, Stéphanie Sokolinski, alias Soko, qui réussit à ressembler à notre Augustine, telle que nous la connaissons immortalisée par Régnard, le premier photographe de la Salpétrière, m’apparurent prometteurs. J’assistai avec un certain contentement à une reproduction correcte d’une grande crise hystérique telle que la décrivit Paul Richer dans sa thèse, à un ptosis, à une hémianesthésie, à une magnifique dystonie hystériques... ne manquaient à cet inventaire que l’oedème bleu et la cécité. Augustine, lorsqu’elle va bien Augustine, moins fringante On croit même pouvoir situer l’action à la fin de l’année 1882 : madame Charcot (qui se prénommait, le scénariste semble l’avoir oublié, Augustine !) lit à son époux un article signé Guy de Maupassant, ligué aux détracteurs du Neurologue : « le Docteur Charcot, ce grand prêtre de l’hystérie, cet éleveur d’hystériques en chambre, entretient à grands frais dans son établissement modèle de la Salpêtrière, un peuple de femmes nerveuses auxquelles il inocule la folie et dont il fait, en peu de temps, des démoniaques »4 Hélas le moment d’indulgence a passé : Augustine a séjourné à la Salpétrière avant de s’en sauver entre 1875 et 1881, Maupassant a écrit cette phrase bien après. On me dira que je pinaille sur une question de date, et que la liberté de l’artiste, en l’occurrence Alice Winocour, la place bien au dessus de ces contingences. La question est précisément là : j’aime bien la photo lorsqu’elle se donne la peine de restituer l’odeur et le grain d’une époque, je m’émeut d’entrevoir ce qui me semble avec quelques heures de recul la reconstitution d’un petit morceau de la leçon du mardi d’André Brouillet, fragment minuscule sans doute faute de moyens ; et à mon âge on est encore émoustillé par la texture d’une peau de jeune femme et la rondeur naturelle de son sein. Mais précisément si l’on m’immerge tout vif tel le crabe de la première scène dans un bain de souvenirs comme lorsque l’on revisite sa classe d’école primaire, il faut que le reste suive ! Sinon ça tourne au trop cuit ou pas assez frais, et la dérive féministe de la metteure en scène devient tellement énorme que l’on pense inéluctablement à ces défenseurs professionnels de causes déjà gagnées depuis belle lurette et qui inventent des incendies pour mieux les éteindre avec un verre d’eau. Il lui est tellement difficile de rester au niveau du fantasme, qu’une étreinte d’un réalisme sommaire et d’une brièveté elliptique conclue à la va-vite la soi-disant ambiguité de Charcot vis-à-vis de sa patiente. Les hystériques ne sont pas spécialement excitantes, même si elles voudraient l’être, chère madame Winocour. Pour reprendre une expression à la mode, les codes de la séduction, elles les pratiquent n’importe comment, et leur vulnérabilité n’est que feinte : elles vous embobinent en moins de deux mais plus rapidement encore vous percez leur stratagème. Quand à la scène de jeu à trois que l’on a voulu je suppose sensuelle entre Zibidie la guenon offerte par l’empereur du Brésil, Charcot et Augustine, elle révèle sans doute plus de la fantasmatique triolesque de l’auteure que du rapport qu’entretenait Charcot avec les animaux. (De Claude Bernard, qu’il admirait forcément compte tenu de l’amplitude du personnage, il disait néanmoins qu’il sentait le cadavre, tant lui faisait horreur la vivisection.) L’espoir renaît lorsqu’apparaît la plume sur le chapeau : l'astuce clinique que Duchesne de Boulogne enseignât à Charcot dès son arrivée, et qui permettait de distinguer, selon la forme et la fréquence du mouvement ainsi amplifié, entre les différentes variétés de tremblements - celui de la paralysie agitante bientôt rebaptisée par Charcot maladie de Parkinson, celui de la sclérose en plaques dont il a défini la clinique et l’anatomo-pathologie avec Vulpian, celui qu’induit le mercure prescrit alors dans la syphilis, celui de l’hystérie enfin. Mais ne comptez pas sur ce film pour retrouver ces savoureux détails de l’histoire de notre discipline. |