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Calendrier
Demandez le programme !
14/05/08 Conférence Benoit Kullmann : actualités Parkinson 2008 Café des Arts place Yves Klein Nice 06000

29/05/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Beethoven 4Bd de Cimiez le Majestic NICE 06000

30/05/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer Hôpital de Cimiez Nice 06000

14/06/08 Conférence Benoit Kullmann : Paramnésie reduplicative ( Magritte et la neurologie)

15/09/08
Conférences Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénérative ; la paralysie supranucléaire progressive, naissance et démembrement ;  le neurologue, entre dégénérescence cortico-basale et syndrôme cortico-basal : IUGM, Montréal 9H-12h

17/09/08 Conférence Pierre Lemarquis : la cognition motrice à travers l'exemple de Glenn Gould Centre des Sciences de Montreal

22/09/08 Conférences Benoit Kullmann : les démences fronto-temporales ; la chorée de Huntington IUGM, Montréal 9H-12h

23/09/08 Conférences Benoit Kullmann : la démence à corps de Lewy ; les atrophies multi-systémiques ; le neurologue et l'hystérie  IUGM, Montréal 9H-12h

2/10/08 Conférence Benoit Kullmann : la neurologie au féminin

21/10/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Schubert

25/10/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Dopamine 2nd World Congress on Controversies in Neurology Athènes

20/11/08 Conférence Benoit Kullmann : variations sur la maladie d'Alzheimer I

12/12/08 Conférence Pierre Lemarquis : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI

13/12/08 Conférence Benoit Kullmann : le sens de la douleur ; Apollon et Marsyas

05/02/09 Conférence Jean-Luc Delut : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI

07/02/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer

18/04/09 Conférence Benoit Kullmann : Inhibition et créativité

12/05/09 Conférence Michel Borg : Actualités de la maladie de Parkinson

12/05/09 Conférence Benoit Kullmann : Peinture et dopamine

12/05/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et dopamine

13/06/09 Conférence Benoit Kullmann : de la chéloniophilie

20/06/09 Conférence Benoit Kullmann : Paul Richer et l'environnement artistique de Charcot

04/07/09 Concert Francine Guillouët - De Salvador : Schubert

04/07/09 Conférence Jean-Luc Delut : Schubert

08/07/09 Conférence Oury Monchi : Neuroimagerie fonctionnelle des connexions fronto-striatales : Neuroimaging studies in Parkinson¹s disease. Centre Hospitalier Princesse Grace, Monaco 17 H

09/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Fiat Lux :  de la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Dusseldorf

09/09/09 Conférence Pierre Lemarquis : Lux Fiat : Et la lumière fut: "J.S.Bach, du cerveau bien tempéré à la théorie du chaos : cerveau, musique et mathématiques Dusseldorf

19/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Magritte et la mémoire

08/10/09 Conférence Benoit Kullmann : l'image, entre virtuel et actuel C.U.M 21 H

26/11/09 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : du cerveau des facultés au cerveau des catégories

01/12/09 Conférence Michel Borg : Parkinson et dépression

01/12/09 Conférence Benoit Kullmann : l'art et le prosélytisme de la dépression

03/12/09 Conférence Jean-Luc Delut : Bach III ; rhétorique de la musique

05/12/09 Conférence Philippe Barrès : le What et le Where

05/12/09 Conférence Sandrine Louchart de la Chapelle : mémoires et émotions : « Une nouvelle dimension de la mémoire humaine »

08/12/09 Conférence Benoit Kullmann : douleur et théorie de l'esprit

09/12/09 Conférence Bruno Lussiez : anatomie de la crucifixion (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur)

09/12/09 Conférence Benoit Kullmann : de la poétique à la politique de la douleur (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur)

xx/12/09 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau est-il une machine ?

16/01/10 Conférence Benoit Kullmann : le regard et l'image mentale

27/02/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien : plasticité neuronale

27/02/10 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : un cerveau en matière plastique ?

06/03/10 Conférence Benoit Kullmann : la construction du cerveau, I : de la Vanité à la Prétention, Ajaccio, Corse

25/03/10
Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer : actualisation des concepts, actualité thérapeutique

10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénératives : nouvelles perspectives Montréal

10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : un neurologue en visite au musée de Montréal

24/04/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Nice

24/04/10 Conférence Philippe Barrès : Alzheimer et musique Nice

24/04/10 Conférence Michel Borg , D. Bellevy : maladie de Parkinson, voix et chant Nice

24/04/10 Conférence Jean-Luc Delut  : psychanalyse de la musique Nice

24/04/10 Conférence Dominique Pringuet  : Blues et dépression Nice

24/04/10 Conférence Benoit Kullmann : Les dysprosodies, Nice

5/06/10 Conférence Benoit Kullmann :  (ombres au tableau) I renaissance et seconde mort de l'ombre   II la naissance de la peinture Séville III contours : le regard en action

18/06/10 Conférence Benoit Kullmann : un fantôme dans le Tableau Neurologique Nîmes

29/06/10 Conférence Benoit Kullmann  : les démences de type Alzheimer, Nice

5.07.2010 Conférence Benoit Kullmann : la maladie d'Alzheimer : du mythe à la mystification, Nice

09/09/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Mouans Sartoux

11/09/10 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (short version) Saint Paul

2.10.2010 Conférence Benoit Kullmann : un cauchemar cognitiviste, Nice

9.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : actualité du problème XXX du pseudo-Aristote, Cannes

16.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neuro-dégénérative (version longue), Nice

9.12.2010 Conférence Benoit Kullmann : l'attention, au delà du symptôme, Paris


13.01.2011 Conférence Benoit Kullmann :
Les complications neurologiques du diabète Nice

15.01.2011 Conférence Philippe Barrès: Croyance et Savoir  Nice

15.01.2011 Conférence Michel Benoît: Croyance et Suicide  Nice

15.01.2011 Conférence Michel Borg : Vrai et Faux mouvements anormaux chez les personnes célèbres   Nice

15.01.2011 Conférence Dominique Pringuey Croyance et Délire  Nice

15.01.2011 Conférence Saïd BensakelCroyances au cinéma : Diables et Démons Nice

15.01.2011 Conférence Benoit Kullmann :
L'incrédulité Nice

28.01.2011 Conférence Philippe Barrès : Troubles précoces du Langage et de la communication Marseille

28.01.2011 Conférence Pierre Bonhomme : Que reste-t-il du syndrome psycho-organique de Bleuler ? Marseille

29.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Préhistoire de la démence Marseille

.2011 Conférence Benoit Kullmann : Hommes au bord de la crise de nerf facial Nice

17.II.2011 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice

19.II.2011 Conférence Pierre Lemarquis : aimer Jeff Koons est-il un signe de Maladie d’Alzheimer ?  La Celle


Conférence Le cerveau des Jésuites revisité I et II Fascination et Sidération  La Celle le 19.II.2011

Conférence Le concept de maladie dégénérative (long version) Monaco le 23.III.2011

Conférence Sexe, Grogs and Bacchanal's Bordeaux le 26.III.2011

Conférence Synesthésies Nice le 5.IV.2011

Conférence Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice le 14.IV.2011 Nice

Conférence Crise, lorsque les corps, la nature et les sociétés se répondent  Nice le 15.IV.2011 Nice

Conférence La part du rêve  le 7.V.2011 Nice

Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a
bridge between neurology and art. Copenhague le 14.V.2011

Conférence La neurothéologie : comment les neurosciences ont-elles accommodé la  théologie  le 21.V.2011

Conférence Le cerveau des philosophes : l'École d'Athènes  le 23.V.2011

Conférence Expressions de la douleur le 22.VI.2011 Nice

Conférence Renoir et la polyarthrite le 25.VI.2011 Cagnes sur mer

Conférence Tchaïkowsky : variations sur le thème de l'âme slave  le 10.VIII.2011 Santa Reparata, Corse

Conférence Approche phénoménologique et anthropologique de la fibromyalgie  le 18.IX.2011 Nice

Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a
bridge between neurology and art. Budapest le 24.IX.2011


Conférence Peindre l'altération de la familiarité le 1.X.2011 Monaco (podcast youtube)

Conférence Vingt neuf ans après  le 1.X.2011 Mougins

Conférence consignes d'approche de la méthode phénoménologique  le 6.X.2011 Nice

Conférence Des passions aux émotions  le 7.X.2011 Bordeaux

Conférence L'hystérie, fin XIXe siècle  le 8.X.2011 Cannes

Conférence Lost in Temptations (À la recherche des Tentations perdues de Saint Antoine) Amsterdam, le 22.X.2011

Communication Contribution de Raphaël à l'iconographie épileptologique le 12.XI.2011 Bordeaux

Conférence La douleur sur le champ de bataille (Charles Bell, de la douleur au douloureux) 17.XI.2011 Congrès Franco-Maghrébin Nice

Conférence Magritte, un peintre neurologique
18.XI.2011 San Remo

Conférence Des passions aux émotions : le point de vue du peintre et celui du musicien 19.XI.2011 San Remo

Conférence Fibromyalgie le 25.XI.2011 Nice

Conférence Fatigue (la naturalisation de la fatigue) le 3.XII.2011 Strasbourg

Conférence Narcisse, Echo et le mythe des neurones miroirs le 16.XII.2011 Nice Mamac     Cercle Castellion

Conférence Neurosciences et liberté le 13.I.2012 Café Philo La Colle sur Loup

Conférence Le souffroir le 26.I.2012 Nice D.U. Phénoménologie

Conférence Conscience et hallucination (Les hallucinations dans la maladie d'Alzheimer) le 27.I.2012 Congrès du G.R.A.L Marseille

Conférence la Volonté, une faculté sans domicile fixe le 4.II.2012 Nice XIVe Journée Neuro-Psychiatrique


Conférence L'arc-en-ciel nationaliste Abbaye de la Celle le 18.II.2012

Conférence La douleur et la mémoire Nice le 23.II.2012 Association A.R.D.

Conférence Illustration de quelques pathologies neurologiques dans la peinture Majorque le 25.III.2012

Conférence D'une Leçon à l'autre, une théorie de l'imitation fin XIXe Nice le 5.IV.2012 Journées Nationales de Neurologie de Langue Française

Conférence Le rêve Nice le 6.IV.2012 Cannes, Université inter-âges


Conférence Edgar Poe, la philosophie de l'ameublement le 14.IV.2012 Monaco

Conférence Actualité sur les syndromes parkinsoniens 3.V.2012 Nice

Conférence  le 12.V.2012, Les noces arrangées du génie et de la folie Saint-Tropez

Conférence  le 13.V.2012, Enquête sur Edgar Poe : travaux pratique sur les liens du génie et de la folie Saint-Tropez

Conférence  le 22.VI.2012, Le danger Porto Fino

Communication le 6.VII.2012 ambigüité de l'expression faciale ; à propos d'une oeuvre de James Ensor

Conférence le 7.VIII.2012 De la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Festival Musica Classica, Santa Reparata di Balagna

Conférence le 29.IX.2012 Les disconnections expérimentales Maison du séminaire, Nice

Conférence le 23.X.2012 Art et Parkinson : Beckett, Giacometti, l'immobilité, Nice

Conférence le 15.XI.2012 Le souffroir Société de Phénoménologie Clinique et de Daseinsanalyse de Nice

 
Conférence Better no brain than bad brain

Conférence 
le 1.XII.2012, Magritte et la sémiotique : un peintre neurologique Nice

Conférence le 16.II.2013 Mélomanie de Nietzsche Abbaye de la Celle, Nice

Conférence le vendredi 12 Avril 2013 Les maladies de Nietzsche Journée Nietzsche, Nice 


2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : l'École d'Athènes, Nice

2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : un rythme à quatre temps : Aristote et Platon, Héraclite et Démocrite, Nice

2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : mais que font les stoïciens, Nice

2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Descartes

2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Kant
Recensions - Lionel Naccache Perdons-nous connaissance? De la mythologie à la neurologie

Notes de lecture


   Lionel Naccache Perdons-nous connaissance? De la mythologie à la neurologie Odile Jacob,  janvier 2010   

    Avertissement : Bernard Montagne m'a fait l'amitié de me demander mes notes de lecture concernant le nouvel opus de Lionnel Naccache. C'est bien volontiers que je les lui confie, étant entendu que ces réflexions ne sauraient être comprises comme une polémique engagée. Elles ne sont que les traces de réticences - neurorésistances pour reprendre le titre d'un chapitre - mais aussi d'adhésions d'une cervelle formatée à l'ancienne, à l'égard d'une pensée non seulement respectable, mais en pleine maturation, organisée, cohérente, émanant d'un chercheur dont la dimension exceptionnelle ne nous échappe pas. Si ces notes parviennent sous le regard de ce dernier, qu'il soit assuré de la haute estime en laquelle je tiens son rapport, précieux, à l'écriture.

    Lionnel Naccache nous donne à penser. Sa vivacité et son énergie l'ont placé dans une situation d'acteur et d'observateur au sommet des neurosciences en marche. Il nous convie à partager non seulement ce point de vue unique, mais également sa culture, et son engagement perceptible à chaque instant de l'exercice intellectuel. Les trois parties de l'ouvrage traitent successivement des mythes stigmatisant la connaissance, de patients dont les capacités de validation des fictions sont altérées, et enfin de la manière dont nos sociétés articulent théorie de l'information et théorie de la connaissance. Nous croyons savoir qu'est revendiqué le sous-titre de Manifeste en faveur de la connaissance, comme ceux de ma génération pouvaient entendre l'ouvrage de Jacques Monod, le Hasard et la Nécessité, d'une très différente inspiration philosophique mais également achevé sur une Éthique de la connaissance.

    Dès l'introduction le lecteur doit souscrire à quelques postulats s'il veut poursuivre sans faire souffrir à sa raison quelques entorses : une première identité de la connaissance et de la vérité ; une seconde, sous-entendue, de la connaissance et du visible ; une conception cognitiviste de la vie mentale, reprenant l'antienne d'un cerveau producteur de représentations, justifiant du coup une herméneutique perpétuelle. Une généreuse distribution de la soif de connaissance, appétit qui serait partagé par l'ensemble de nos congénères, là où j'avais cru certainement à tort reconnaître qu'il n'y avait pas foule, sinon au fond de la caverne.

    Les exemples de défiance à l'égard de la curiosité exprimée dans les mythes, antiques ou contemporains, choisis par Lionel Naccache ont un point commun : ils signalent le danger de la prétention à connaître poussée à son comble : regarder le soleil en face, s'obstiner au mépris de sa vie à braver les interdictions au lieu de fuir, prétendre rajeunir, tout ceci en dépit du bon sens.  Ce n'est pas tant la transgression du Dogme qui est mise en scène que celle de la Raison. L'interprétation du mythe de Prométhée, ou de celui de Marsyas, aurait entraîné l'auteur sur d'autres rives. La polysémie du mythe d'Icare est passée en revue. Sauf, l'interprétation ultime. Que nous disait Levi Strauss ? Il me revient, à propos de Freud, cette réflexion, qui je crois se trouve dans l'Homme nu : placé devant une difficulté conceptuelle - lorsqu'il lui faut décrire la relation complexe de l'enfant à ses parents - Freud s'en remet à un mythe, l'histoire d'Oedipe, lequel, par sa pesanteur spécifique (je cite de mémoire Lévi Strauss, pardon pour l'approximation), s'actualise dans un dernier avatar. La fonction première du mythe, dont témoigne sa déformabilité (le corpus de huit cents mythes analysé dans les Mythologiques dérive d'un seul ou de quelques-uns) est, à l'occasion d'une crise, d'une difficulté, fut-elle de représentation, de resolidariser la nature et la culture. Les mythes ne renvoient à aucune réalité. Ils fixent l'un à l'autre, tant bien que mal, deux registres dont la distinction, de l'aveu même de Levi Strauss, relève de l'artifice. Pour reprendre une allusion, et un exemple commenté par l'auteur : que Pardès soit une forgerie, que le Paradis soit une réification, une naturalisation construite sur une intention complexe, n'empêche nullement certains - la plupart - de croire et à l'un, et à l'autre ; qui était réellement Bourbaki n'a aucune importance relativement à la théorie des ensembles, mais le savoir ajoute une valeur, celle du ticket d'entrée dans le petit monde partageant la confidence.

    Reprenons notre lecture. La connaissance progresse puisqu'un référent existerait et que nos représentations, nos fictions, dessinent par leur histoire une nuée de points distribuée de manière asymptotique - certes l'on admettra que le monde n'est pas connaissable par définition, mais la même définition implicitement accorde que l'on se rapproche, au fil des fictions, de cette réalité insaisissable. Ainsi la succession des interprétations construit-elle la connaissance de la Torah. Et chacun construit son corpus de fictions, son approximation du réel. Qui oserait tenir un discours différent ? Les théoriciens de la présentation - qui ne postulent pas de référent, aboutissent nonobstant un cheminement de pensée différent à singulariser le monde de chacun. Son Umwelt. Très peu se sont risqués sur cette voie périlleuse de la subjectivité poussée, c'est son tour, à son comble : Claude Brunet à l'aube du XVIIIe siècle, Brentano (le maître d'Husserl, dont parlera Lionel Naccache) au siècle suivant, von Uexkull, et à un moment de leur pensée, Russel et Wittgenstein. Lesquels se sont rétractés par la suite, saisis d'un repentir comme le peintre rectifiant quelque détail qui jure. Lorsque l'eau courbe un bâton, ma raison le redresse, dixit Lafontaine.

    La thèse de Lionel Naccache est à la mesure du doute diffusé concernant le rapport de nos sensations aux causes de ces sensations. Pour caricaturer ; puisque nos sens nous trompent, ce que nous en déduisons naïvement est forcément erroné. Dès lors, soit nous considérons que le vrai - le réel - est énigmatiquement disposé derrière les apparences, les ombres, et qu'il est nécessaire de contourner les sens, de construire des dispositifs pour rectifier notre jugement faussé. Soit nous posons que le réel est l'idiotie (au sens de Clement Rosset) de notre vie psychique elle-même, en tant que présentation sans réfutation possible, sinon idéologique, fausse par essence mais sans doublure, sans référent consistant. Dont la plupart contestent la validité tels, à l'instar des gens de science, ces innombrables patients qui depuis quelques dizaines d'années ont désappris à accorder une signification autre que "psychique" à ce qu'ils ressentent. C'est dans ma tête, docteur. Certes, vos paresthésies sont dans votre tête, tout comme les plages de démyélinisation que révèlent votre IRM sont désormais dans la mienne. Or et c'est l'un des paradoxes du livre, la question de la croyance accordée à la fiction bâtie de travers est traitée à partir d'une casuistique extraordinaire en apparence, alors que n'importe quel délirant suivi par nos confrères psychiâtres en dit mille fois plus ! La fascination exercée par ces observations vient de la collusion entre le symptôme et une altération focale cérébrale, décelée par l'imagerie fonctionnelle. Is seeing believing, s'interrogeait Gracely il y a quelques années ? Démocrite d'Abdère se priva de la vue pour, dit la légende, mieux penser.

    Mais le plus difficile, dans cette seconde partie, est la question de la transformation d'un sujet par la connaissance : qu'est-ce qui fait qu'un sujet x est transformé en x' après avoir pris connaissance d'une information i ? La question de la prise de connaissance, l'acte de connaissance, est cruciale : est-ce que ma structure a changé lorsque j'ai appris l'attentat du 11 Septembre, ou au fil de ma lecture de Lionel Naccache ? Ou le changement intéresse-t-il  autre chose qu'une structure ? En dépit du distinguo préalablement affirmé de la connaissance et de l'information, j'attendrai la prochaine publication pour obtenir une réponse autre que la mienne propre à la question qui me taraude depuis mon adolescence : comment l'expérience modifie-t-elle notre cerveau ?

    Il faudra ensuite emboîter le pas à une perception euphorique du XVIIIè siècle français. L'école républicaine a divinisé les Lumières, et fait passer la plus grande escroquerie de librairie du monde classique pour le parangon de la diffusion de la connaissance. L'Encyclopédie est pour qui l'a lue l'équivalent d'une publication monstrueuse et acéphale, réunion d'un collectif de textes rédigés par des sous-traitants à partir de thèses trentenaires, obsolètes au moment de leur parution. Diderot lui-même en était furieux. Il faudra accepter l'hommage au Lusitanien parti pour la Nouvelle Amsterdam qui a oublié que Descartes a fondé une neurophysiologie, rédigé un traité des Passions, et tenté d'en finir avec le dogme des quatre éléments - un siècle et demi avant Lavoisier. Pour lui opposer Spinoza certes agréablement adaptable par chacun tel un couteau hollandais - mais le moindre stoïcien en a dit autant dans le registre de la philosophie à l'usage de tous sans nous faire prendre l'ataraxie pour de la joie. Plus loin l'erreur de Pythagore sonnera autrement plus juste.

    De même, le chapitre consacré aux brulûres de la transparence est de ceux auxquels on ne peut qu'adhérer, émanant d'une expérience partagée des désastres consécutifs aux excès comme aux insuffisances de l'information brute et brutale. Excès privant le sujet de ses fictions, de ses croyances : trop de connaissance tue la croyance, nous le savions déjà, mais la croyance a des vertus thérapeutiques, l'effet placebo en est l'exemple. Un changement de sujet et de ton, Lionel Naccache sait passer du lourd au léger, et décortique habilement (chez le castor) la politique érotique de l'autruche.

    La connaissance aurait été un combat, plus qu'une sinécure, pendant quelques millénaires. Socrate, Archimède, Bacon, Copernic, Galilée, Giordano Bruno, plus récemment Turing... Mais tous les savants-philosophes ne sont pas morts en martyrs. Ils ont attrapé froid, ont fait de mauvaises chutes. Leucippe est mort de rire, Diogène d'une indigestion de poulpe. Et beaucoup ont transgressé la répétition d'un dogme en servant les intérêts d'un florentin ou d'une reine excommuniée. Les risques de la connaissance ont-ils jamais été dissuasifs sinon pour retarder une publication ou exiler un dissident ? Et quand bien même l'auraient-ils été, la situation a bien changé, le principe d'une évolution de la connaissance ayant été intégré par nos sociétés, institutionnalisant les savants au lieu de les engeôler ou de les mettre à mort. Le résultat, dans notre domaine, est l'instauration d'un nouvel empire, qui a déferlé plus sûrement qu'un Tsunami : le cognitivisme, rejeton de la théorie de l'information. Le seul risque encouru par une théorie, actuellement, vient non tant d'un Pouvoir ecclésiastique ou politique que de la communauté organisée des scientifiques eux-mêmes. J'ai la conviction, fondée sur le pouvoir de rejet conquis par ces derniers, que nous vivrons des hérésies post-modernes.

    Non seulement nous ne perdons pas connaissance, ai-je envie de répondre à Lionel Naccache, mais tout est désormais construit pour sa prospérité. Autour du moderne veau d'or : l'encéphale, que l'on peut idolâtrer sans péril rétinien. Fortune ordonnée, comme le décrivait si bien Bourdieu, pour la pérennisation du système, et sa fermeture au plus grand nombre, auxquels on jette des miettes de savoir par le truchement de médias débilitants. La preuve de ce protectionnisme ? Pas seulement la reproduction des neuroscientifiques entre eux. Mais l'accès hyperprotégé et sélectif, prohibitif, aux banques de publications.

    Le livre s'achève sur le synopsis d'un polar futuriste et anthropo-neuroscientifique, une fiction savoureuse truffée d'allusions subtiles que les habitués du petit monde cognitiviste décrypteront mieux que moi. Du pélerinage chez Spinoza au recyclage des diapos, en passant par le clochard du collège de France et la version naccachienne de l'homme de Néanderthal, j'ai bien ri. Du rire qui secoue Démocrite, spectateur hilare du désespoir de l'héroïne Clara, lointaine descendante d'Héraclite et d'A'her.

    On aura compris que le monde de Lionel Naccache n'est certes pas le mien, mais que ses efforts pour rendre le sien intelligible sont remarquables, autant que ceux mis en oeuvre pour échapper au non-sens, aboutissement fatal de la quête de savoir de nombre d'intervenants convoqués d'un chapitre à l'autre - je pense en particulier à Leverkühn, personnage créé par Thomas Mann. Sera-t-il étonné si je confie avoir eu présent à l'esprit pendant cette lecture, cet exercice de pensée, non pas tel ou tel cognitiviste de renom, mais un personnage singulier dans la nébuleuse des neurosciences francophones, Dominique Laplane. Il y a chez l'un et l'autre un rapport à la croyance comme nécessité qui ne laisse de m'interroger, et que l'on décèle clairement dans la quatrième étude des exercices du premier comme dans la pensée d'outre-mots du second. L'invitation de Lionel Naccache à le suivre dans son aventure intellectuelle ne saurait se refuser.

notes de lecture. Benoit Kullmann, Neuroland-Art.


Date de création : 28/03/2010 : 16:59
Dernière modification : 07/02/2012 : 23:48
Catégorie : Recensions
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Faredj Cherik : Clinique du rêve
7.5.2011

Sandrine Louchard de la Chapelle :
7.5.2011

Patrick Amoyel : le rêve et la psychanalyse
7.5.2011

Conférence La part du rêve  le 7.V.2011 Nice

la XIIIe Journée : la pensée magique 8.X.2011

P.Martin Paris VI : L’effet placebo et nocebo du point de vue du pharmacologue

Michel Borg :
Vertus des plantes et maladie de Parkinson

Michel Benoît :
Effet placebo et traitement de la dépression

J.P. Cibiera :
Effet analgésique de l’Hypnose

Henri Daran :  
Pensée Magique ou histoire du réel ? Crises de la présence et pluralité des mondes

Patrick Amoyel :  Pensée Magique et Suggestion


la XIVe Journée : Neuropsychiatrie de la Volonté 4.II.2012

Benoît Kullmann : La Volonté : une faculté sans domicile fixe ? À propos de la décomposition de la Volonté. 

Philippe Barrès :
Troubles de la motivation : la ronde des concepts

Sandrine Louchart de la Chapelle :
Névrose obsessionnelle : une maladie de la Volonté

Bruno Giordana :
Le surhomme et les excès de la volonté maniaque : Fredéric Nietzsche et les antinomies existentielles

Patrick Amoyel :  la volonté, Spinoza, Freud, Lacan, le Vide et le Yin du rein chinois 

Éditions BKNeuroland
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