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Calendrier
Demandez le programme !
14/05/08 Conférence Benoit Kullmann : actualités Parkinson 2008 Café des Arts place Yves Klein Nice 06000

29/05/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Beethoven 4Bd de Cimiez le Majestic NICE 06000

30/05/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer Hôpital de Cimiez Nice 06000

14/06/08 Conférence Benoit Kullmann : Paramnésie reduplicative ( Magritte et la neurologie)

15/09/08
Conférences Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénérative ; la paralysie supranucléaire progressive, naissance et démembrement ;  le neurologue, entre dégénérescence cortico-basale et syndrôme cortico-basal : IUGM, Montréal 9H-12h

17/09/08 Conférence Pierre Lemarquis : la cognition motrice à travers l'exemple de Glenn Gould Centre des Sciences de Montreal

22/09/08 Conférences Benoit Kullmann : les démences fronto-temporales ; la chorée de Huntington IUGM, Montréal 9H-12h

23/09/08 Conférences Benoit Kullmann : la démence à corps de Lewy ; les atrophies multi-systémiques ; le neurologue et l'hystérie  IUGM, Montréal 9H-12h

2/10/08 Conférence Benoit Kullmann : la neurologie au féminin

21/10/08 Conférence Jean-Luc Delut : la musique du XIXème siècle : Schubert

25/10/08 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Dopamine 2nd World Congress on Controversies in Neurology Athènes

20/11/08 Conférence Benoit Kullmann : variations sur la maladie d'Alzheimer I

12/12/08 Conférence Pierre Lemarquis : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI

13/12/08 Conférence Benoit Kullmann : le sens de la douleur ; Apollon et Marsyas

05/02/09 Conférence Jean-Luc Delut : De Jean-Sébastien Bach à la Télécommande cérébrale CVCI

07/02/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et Alzheimer

18/04/09 Conférence Benoit Kullmann : Inhibition et créativité

12/05/09 Conférence Michel Borg : Actualités de la maladie de Parkinson

12/05/09 Conférence Benoit Kullmann : Peinture et dopamine

12/05/09 Conférence Pierre Lemarquis : Musique et dopamine

13/06/09 Conférence Benoit Kullmann : de la chéloniophilie

20/06/09 Conférence Benoit Kullmann : Paul Richer et l'environnement artistique de Charcot

04/07/09 Concert Francine Guillouët - De Salvador : Schubert

04/07/09 Conférence Jean-Luc Delut : Schubert

08/07/09 Conférence Oury Monchi : Neuroimagerie fonctionnelle des connexions fronto-striatales : Neuroimaging studies in Parkinson¹s disease. Centre Hospitalier Princesse Grace, Monaco 17 H

09/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Fiat Lux :  de la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Dusseldorf

09/09/09 Conférence Pierre Lemarquis : Lux Fiat : Et la lumière fut: "J.S.Bach, du cerveau bien tempéré à la théorie du chaos : cerveau, musique et mathématiques Dusseldorf

19/09/09 Conférence Benoit Kullmann : Magritte et la mémoire

08/10/09 Conférence Benoit Kullmann : l'image, entre virtuel et actuel C.U.M 21 H

26/11/09 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : du cerveau des facultés au cerveau des catégories

01/12/09 Conférence Michel Borg : Parkinson et dépression

01/12/09 Conférence Benoit Kullmann : l'art et le prosélytisme de la dépression

03/12/09 Conférence Jean-Luc Delut : Bach III ; rhétorique de la musique

05/12/09 Conférence Philippe Barrès : le What et le Where

05/12/09 Conférence Sandrine Louchart de la Chapelle : mémoires et émotions : « Une nouvelle dimension de la mémoire humaine »

08/12/09 Conférence Benoit Kullmann : douleur et théorie de l'esprit

09/12/09 Conférence Bruno Lussiez : anatomie de la crucifixion (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur)

09/12/09 Conférence Benoit Kullmann : de la poétique à la politique de la douleur (association ARD, invitation du Dr Haiel Alchaar, fondateur)

xx/12/09 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau est-il une machine ?

16/01/10 Conférence Benoit Kullmann : le regard et l'image mentale

27/02/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien : plasticité neuronale

27/02/10 Conférence Benoit Kullmann : L'esprit faux : un cerveau en matière plastique ?

06/03/10 Conférence Benoit Kullmann : la construction du cerveau, I : de la Vanité à la Prétention, Ajaccio, Corse

25/03/10
Conférence Benoit Kullmann : les démences de type Alzheimer : actualisation des concepts, actualité thérapeutique

10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neurodégénératives : nouvelles perspectives Montréal

10-17/04/10 Conférence Benoit Kullmann : un neurologue en visite au musée de Montréal

24/04/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Nice

24/04/10 Conférence Philippe Barrès : Alzheimer et musique Nice

24/04/10 Conférence Michel Borg , D. Bellevy : maladie de Parkinson, voix et chant Nice

24/04/10 Conférence Jean-Luc Delut  : psychanalyse de la musique Nice

24/04/10 Conférence Dominique Pringuet  : Blues et dépression Nice

24/04/10 Conférence Benoit Kullmann : Les dysprosodies, Nice

5/06/10 Conférence Benoit Kullmann :  (ombres au tableau) I renaissance et seconde mort de l'ombre   II la naissance de la peinture Séville III contours : le regard en action

18/06/10 Conférence Benoit Kullmann : un fantôme dans le Tableau Neurologique Nîmes

29/06/10 Conférence Benoit Kullmann  : les démences de type Alzheimer, Nice

5.07.2010 Conférence Benoit Kullmann : la maladie d'Alzheimer : du mythe à la mystification, Nice

09/09/10 Conférence Pierre Lemarquis : Sérénade pour un cerveau musicien, Mouans Sartoux

11/09/10 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (short version) Saint Paul

2.10.2010 Conférence Benoit Kullmann : un cauchemar cognitiviste, Nice

9.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : actualité du problème XXX du pseudo-Aristote, Cannes

16.11.2010 Conférence Benoit Kullmann : le concept de maladie neuro-dégénérative (version longue), Nice

9.12.2010 Conférence Benoit Kullmann : l'attention, au delà du symptôme, Paris


13.01.2011 Conférence Benoit Kullmann :
Les complications neurologiques du diabète Nice

15.01.2011 Conférence Philippe Barrès: Croyance et Savoir  Nice

15.01.2011 Conférence Michel Benoît: Croyance et Suicide  Nice

15.01.2011 Conférence Michel Borg : Vrai et Faux mouvements anormaux chez les personnes célèbres   Nice

15.01.2011 Conférence Dominique Pringuey Croyance et Délire  Nice

15.01.2011 Conférence Saïd BensakelCroyances au cinéma : Diables et Démons Nice

15.01.2011 Conférence Benoit Kullmann :
L'incrédulité Nice

28.01.2011 Conférence Philippe Barrès : Troubles précoces du Langage et de la communication Marseille

28.01.2011 Conférence Pierre Bonhomme : Que reste-t-il du syndrome psycho-organique de Bleuler ? Marseille

29.01.2011 Conférence Benoit Kullmann : Préhistoire de la démence Marseille

.2011 Conférence Benoit Kullmann : Hommes au bord de la crise de nerf facial Nice

17.II.2011 Conférence Benoit Kullmann : Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice

19.II.2011 Conférence Pierre Lemarquis : aimer Jeff Koons est-il un signe de Maladie d’Alzheimer ?  La Celle


Conférence Le cerveau des Jésuites revisité I et II Fascination et Sidération  La Celle le 19.II.2011

Conférence Le concept de maladie dégénérative (long version) Monaco le 23.III.2011

Conférence Sexe, Grogs and Bacchanal's Bordeaux le 26.III.2011

Conférence Synesthésies Nice le 5.IV.2011

Conférence Le concept de maladie dégénérative (very short version) Nice le 14.IV.2011 Nice

Conférence Crise, lorsque les corps, la nature et les sociétés se répondent  Nice le 15.IV.2011 Nice

Conférence La part du rêve  le 7.V.2011 Nice

Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a
bridge between neurology and art. Copenhague le 14.V.2011

Conférence La neurothéologie : comment les neurosciences ont-elles accommodé la  théologie  le 21.V.2011

Conférence Le cerveau des philosophes : l'École d'Athènes  le 23.V.2011

Conférence Expressions de la douleur le 22.VI.2011 Nice

Conférence Renoir et la polyarthrite le 25.VI.2011 Cagnes sur mer

Conférence Tchaïkowsky : variations sur le thème de l'âme slave  le 10.VIII.2011 Santa Reparata, Corse

Conférence Approche phénoménologique et anthropologique de la fibromyalgie  le 18.IX.2011 Nice

Conférence Jean-Martin Charcot and Paul Richer: Building a
bridge between neurology and art. Budapest le 24.IX.2011


Conférence Peindre l'altération de la familiarité le 1.X.2011 Monaco (podcast youtube)

Conférence Vingt neuf ans après  le 1.X.2011 Mougins

Conférence consignes d'approche de la méthode phénoménologique  le 6.X.2011 Nice

Conférence Des passions aux émotions  le 7.X.2011 Bordeaux

Conférence L'hystérie, fin XIXe siècle  le 8.X.2011 Cannes

Conférence Lost in Temptations (À la recherche des Tentations perdues de Saint Antoine) Amsterdam, le 22.X.2011

Communication Contribution de Raphaël à l'iconographie épileptologique le 12.XI.2011 Bordeaux

Conférence La douleur sur le champ de bataille (Charles Bell, de la douleur au douloureux) 17.XI.2011 Congrès Franco-Maghrébin Nice

Conférence Magritte, un peintre neurologique
18.XI.2011 San Remo

Conférence Des passions aux émotions : le point de vue du peintre et celui du musicien 19.XI.2011 San Remo

Conférence Fibromyalgie le 25.XI.2011 Nice

Conférence Fatigue (la naturalisation de la fatigue) le 3.XII.2011 Strasbourg

Conférence Narcisse, Echo et le mythe des neurones miroirs le 16.XII.2011 Nice Mamac     Cercle Castellion

Conférence Neurosciences et liberté le 13.I.2012 Café Philo La Colle sur Loup

Conférence Le souffroir le 26.I.2012 Nice D.U. Phénoménologie

Conférence Conscience et hallucination (Les hallucinations dans la maladie d'Alzheimer) le 27.I.2012 Congrès du G.R.A.L Marseille

Conférence la Volonté, une faculté sans domicile fixe le 4.II.2012 Nice XIVe Journée Neuro-Psychiatrique


Conférence L'arc-en-ciel nationaliste Abbaye de la Celle le 18.II.2012

Conférence La douleur et la mémoire Nice le 23.II.2012 Association A.R.D.

Conférence Illustration de quelques pathologies neurologiques dans la peinture Majorque le 25.III.2012

Conférence D'une Leçon à l'autre, une théorie de l'imitation fin XIXe Nice le 5.IV.2012 Journées Nationales de Neurologie de Langue Française

Conférence Le rêve Nice le 6.IV.2012 Cannes, Université inter-âges


Conférence Edgar Poe, la philosophie de l'ameublement le 14.IV.2012 Monaco

Conférence Actualité sur les syndromes parkinsoniens 3.V.2012 Nice

Conférence  le 12.V.2012, Les noces arrangées du génie et de la folie Saint-Tropez

Conférence  le 13.V.2012, Enquête sur Edgar Poe : travaux pratique sur les liens du génie et de la folie Saint-Tropez

Conférence  le 22.VI.2012, Le danger Porto Fino

Communication le 6.VII.2012 ambigüité de l'expression faciale ; à propos d'une oeuvre de James Ensor

Conférence le 7.VIII.2012 De la musique des sphères aux couleurs de l'arc-en-ciel Festival Musica Classica, Santa Reparata di Balagna

Conférence le 29.IX.2012 Les disconnections expérimentales Maison du séminaire, Nice

Conférence le 23.X.2012 Art et Parkinson : Beckett, Giacometti, l'immobilité, Nice

Conférence le 15.XI.2012 Le souffroir Société de Phénoménologie Clinique et de Daseinsanalyse de Nice

 
Conférence Better no brain than bad brain

Conférence 
le 1.XII.2012, Magritte et la sémiotique : un peintre neurologique Nice

Conférence le 16.II.2013 Mélomanie de Nietzsche Abbaye de la Celle, Nice

Conférence le vendredi 12 Avril 2013 Les maladies de Nietzsche Journée Nietzsche, Nice 


2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : l'École d'Athènes, Nice

2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : un rythme à quatre temps : Aristote et Platon, Héraclite et Démocrite, Nice

2011 Conférence Benoit Kullmann : peinture et philosophie : mais que font les stoïciens, Nice

2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Descartes

2011 Conférence Benoit Kullmann : le cerveau des philosophes : le cerveau de Kant
Les pyrosis d'Emilio Campari - Commentaires de voyage

 Sa plume trempée dans l'éthanol n'épargne personne et n'engage que lui

de notre correspondant spécial à Iguaçu, Emilio Campari, le 16 Mai 2002, commentaires de voyage


    Quelquefois l'aéroplane récupéré de la guerre ( la première ) est si petit que l'on est incarcéré pendant deux heures auprès d'une voisine dont on ignorait l'existence l'instant d'avant ; et parfois il n'y a ensuite qu'un taxi que l'on doit partager et la route est pleine de virages, outre l'existence d'une loi physique qui nous dépasse et que l'on appelle la force centripète ;  jusqu'à non pas la chambre, mais le palier de l'hôtel où le hasard vous réunit avec en prime le sourire idiot et les petits yeux plissés du concierge qui fait semblant en vous donnant les clefs de les intervertir. Dans un film d'avion, cette succession de hasards conduirait à un dénouement heureux avec progéniture. Mais dans la vraie vie, on a plus de chance à un moment ou un autre de ce genre d'enchaînement de coïncidences de se faire la réflexion, qu'il fut un temps béni où l'on ignorait l'existence de cette voisine ; où l'on maudit le concepteur de l'avion à hélice en oubliant qu'il s'agissait d'une étape nécessaire, du point de vue imparable de l'histoire des sciences et des techniques ; où, sacrifiant à un esprit de l'escalier ignoré de Diderot, l'on voue aux gémonies le grand architecte qui a créé des flancs de montagne escarpés et des routes en lacet ;  où enfin vous maudissez la génétique et ses lois iniques, qui ne vous ont pas pourvu d'un capital neuronal suffisant pour anticiper à partir d'une série de deux la survenue d'une troisième coïncidence plus néfaste encore que les premières.

    Je me rendais donc à Iguaçu, un détour décidé à la dernière seconde alors que je passais par Buenos Ayres. Un de vos compatriotes m'avait dit, dans un vocabulaire très BTP : les chutes du Niagara à côté c'est que dalle. Un autre, sans doute un employé des pompes funèbres m'avait certifié en me tendant sa carte que l'on pouvait mourir après les avoir vues. L'avion était tout petit qui nous transportait, et j'avais à mon côté une créature dont la première phrase fut : qu'est-ce qu'il fait chaud et elle ouvrit au débit maximum l'arrivée d'air au dessus de nos têtes ; à peine trente secondes plus tard elle ajouta ça me gratte en montrant l'extrémité de son nez puis peu après j'ai mal au dos. Elle engouffra quelques cacahuètes et tenta un c'est salé assez pertinent. J'ai soif en faisant un drôle de bruit avec la langue, une sorte de démonstration qu'un sentiment pourrait chez certains qui l'éprouvent intensément se voir. (J'en ai connu des hordes, qui me parlant de l'insupportabilité de leur douleur précisaient " vous pouvez demander à mon mari!" ou pire " téléphonez au docteur un tel il vous le confirmera"). L'instant d'après qu'on lui eût apporté un thé chaud : ça brûle en gardant la pointe de sa langue entre les dents. Je voudrais faire pipi s'ensuivit, l'expression de ce besoin signifiant en fait : levez vous, je suis du côté de la fenêtre et que çà saute. Je compris à ce moment-là que l'on peut donner un ordre - impératif -  sur un ton purement déclaratif - affirmatif. Il me faudra creuser ce point, me disais-je lorsque me parvint dans l'autre oreille un j'ai mal aux bras : qui signifiait cette fois : je suis revenue, relevez-vous subito et si vous en profitiez pour m'attraper mon sac qui est dans le compartiment au dessus de votre place ?
Au passage je jetais un oeil sur l'étiquette de son bagage : j'avais affaire à Mademoiselle Kaas - Burns, ce qui correspondait au diagnostic d'accent mi hollandais, mi britannique totalement incompatible avec les capacités de résistance d'une circonvolution de Heschl standard. Ensuite, il m'est impossible de me rappeler les centaines d'énoncés et  combinaisons d'organes et de sensations qui fusèrent comme autant de banderilles en direction de la cible organique, vivante, la plus proche de l'émettrice : mon tympan gauche.

 J'ai cependant le souvenir d'avoir éprouvé un sentiment d'exhaustivité  - c'est une vieille technique dont je ne regrette pas l'acquisition à prix d'or auprès d'un Guarani ultime. Il m'avait certifié que l'indien rit sous la torture, puis ayant perçu que j'étais destiné à beaucoup souffrir il me confia une astuce : lorsque tu as mal aux dents, que le fisc te persécute ou que tu veux passer ta belle-mère par la fenêtre ( le pauvre ignorait que de nos jours, non seulement on ne se débarrasse pas de sa belle-mère mais assez souvent elle essaye de coucher avec vous ), tente de remplacer cette sensation par un sentiment situé à un niveau d'abstraction plus élevé mais - très important - appartenant au même régistre que la sensation désagréable. En espagnol ça donnait quelque chose comme " cuando las dientes te duelen, que el fiscal persigue a usted o que desea mover su suegra por la ventana, trata de sustituir ese sentimiento por un sentido a un nivel de abstracción superior, pero - muy importante - en el mismo registro como incomodidad." Comme je lui demandais quelle nuance il introduisait dans la distinction de la sensation et du sentiment il se mit à rire : vous, vous n'êtes pas français ! Et de me montrer une drôle de photographie vieillotte, abimée par des pliures malvenues : car le ton énigmatique sied au sage même s'il n'est pas réellement le Mohican ultime.

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Paul Richer (1849-1935) Buste de Descartes 1913

   
    Dans la voiture elle émit un redoutable j'ai mal au coeur qui me fit craindre le pire. L'émission accompagnée d'un gémissement d'un qu'est-ce c'est long témoigna de sa capacité à percevoir sur un mode douloureux la durée, qu'est-ce que c'est loin, la distance, qu'est-ce que c'est haut, la verticalité. Dans l'hôtel, climatisé, elle ne put éviter un on se gèle en mimant un frisson qui la fit se recroqueviller et je crus qu'elle allait enfin tomber malade mais non, elle se redéploya comme une mante religieuse et me défia d'un j'ai les lèvres sèches en fouillant fébrilement dans son sac à la recherche d'un bâton perdu.

        Parvenu devant les chutes en compagnie du seul guide disponible qu'il fallut lui aussi mutualiser au sens où il n'était pas sécable, elle fit : j'ai mal aux pieds puis rapidement je suis crevée. Meno male, me dis-je in petto, et je lui conseillai d'aller se reposer pendant que je gravirai les flancs de l'île San Martin. Mais elle avait payé je ne sais combien de pesos pour se faire plaisir et n'entendait pas renoncer à la jouissance escomptée lors de l'acquisition de son billet. Il y a une drôle d'odeur supposa-t-elle en reniflant dans toutes les directions. Notre guide marchait d'un bon pas ; ça tire fit elle en faisant claquer les courroies de son sac à dos, çà serre en remontant ses chaussettes. C'est lourd ne put être évité. Enfin j'arrivais près des chutes : un raffut assourdissant envahissait l'espace et je compris le sublime pourquoi de l'invention du vacarme, qui permet de couvrir les productions insensées de ces muscles infatigables que l'on appelle cordes vocales. Miss Kaas - Burns avait beau ses lèvres arrondir, plisser, écarter, rapprocher, avancer, bref, remuer dans tous les sens, je n'entendais plus rien. J'étais devenu subitement sourd comme un pot d'échappement. Après je ne la revis plus jamais. Au dessus des chutes tournoient silencieusement des vautours, et parfois un hélicoptère. Peut-être l'ai-je poussée du haut du plateau du rocher San Martin.

Date de création : 22/11/2008 : 23:36
Dernière modification : 25/11/2008 : 09:01
Catégorie : Les pyrosis d'Emilio Campari
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Réactions à cet article


Réaction n°3 

par JL le 26/11/2008 : 18:44

Re bonsoir,
je viens de relire la fin de votre article que j'avais oublié en rédigeant mon précédent commentaire. Vous êtes hoooooorrrriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiible.d

Je vous conseillais de reprendre contact avec cette pauvre femme  et qu'est ce que j'apprends?? que son corps est peut-être en train de pourrir, coincé entre deux rochers. y

Finalement, elle aura eu ce qu'elle voulait. Je l'imagine, le corps coincé entre deux rochers, vibrant sous les effets des remous de l'eau dans un orgasme éternel.n

Il est temps que j'aille prier pour le salut de votre âme.k

Amitiés à tous.
Jean-Luc

Réaction n°2 

par JL le 26/11/2008 : 18:08

Bonjour mon cher Emilio,
Ne pas avoir abuser de la situation vous honore. Néanmoins, je me demande si votre "stoïcisme" devant autant de détresse est une attitude consciente visant à préserver votre sensibilité à fleur de peau ou bien le fruit de votre aveuglement, mélange d'absence de lucidité et d'insensibilité. d

Il est évident que cette pauvre femme attendait quelque chose de vous, qu'elle a tout fait pour attirer votre attention sur elle mais votre esprit, embrumé par les vapeurs d'alcool, n'a pas su détecter les signes avant-coureurs d'une volupté annoncée. e

Son "il fait chaud" était une invitation à se dévêtir un peu plus à condition que votre regard de velours y consente, son "j'ai mal au dos": une invitation à la soulager de ses démangeaisons et à créer les conditions d'un 1er contact physique, son "j'ai soif" : une façon d'éprouver votre galanterie (1ère grande déception pour elle), son "je voudrais faire pipi" : une invitation implicite à la suivre, son "j'ai mal au bras" : les 1ers symptômes d'un infarctus (certainement simulé) qui aurait dû lui attirer votre compassion et vous obliger à la recueillir entre vos bras musculeux, son "j'ai les lèvres sèches" : une invitation explicite à l'embrasser et après être monté dans les airs (le voyage en avion), passer du sens propre au sens figuré pour vérifier la validité de son "qu'est ce que c'est long!!", son "j'ai mal au coeur" : l'aveu désespéré d'une femme qui prend conscience que ses charmes n'opèrent plus, son "je suis crevé" : l'ultime constat d'une pauvre créature qui doit se résigner à l'abstinence sexuelle et qui sait que, désormais, c'est la grande mort qui la guette puisqu'elle ne connaîtra plus jamais les joies de la petite.  (Je passe sur son "c'est lourd", son "j'ai mal aux pieds", son "ça sent une drôle d'odeur" et son "ça tire" qui en l'occurrence prêterait plus à rire du fait de son absence) l


Ce que vous considériez comme une Madame Kass-Burns n'était en fait qu'une pauvre créature en mal de tendresse. Sa discussion, pour moins le moins éloquente et se résumant à des phrases ne dépassant pas 3 ou 4 mots, était en réalité l' appel au secours d'une femme voulant jauger sa séduction à l'aune de votre masculinité triomphante et de la puissance virile qui émane de vous. Elle était peut-être animée d'un désir animal dont le 1er venu aurait pu profiter ou bien au contraire, était-elle tombée sous votre charme? Vous n'en saurez rien. y

Sans le vouloir, cette femme, prête à tout pour satisfaire vos désirs (mais avant tout, les siens), est devenu une victime de votre indifférence. Sans céder à la tentation de la chair, vous auriez pu au moins  vous montrer compatissant, attentif devant de misères accumulées mais rien dans votre récit ne laisse entrevoir le plus petit bout de début d'une quelconque attention. Vous auriez pu simuler, lui faire comprendre que vous étiez sensible à ses charmes, lui redonner l'illusion d'avoir 20 ans et avant d'aller plus loin, prétexter n'importe quoi pour éviter de sombrer dans le délire érotique. Mais que nenni, rien. Pauvre femme!! Quel choc pour elle devant tant de froideur. J'espère qu'elle n'a pas décidé depuis cette rencontre fatidique de mettre fin à ses jours, d'autres l'ont fait pour moins que cela. k

Vous êtes un bourreau des coeurs mais dans le sens contraire que l'on assigne d'habitude à cette expression. Vous me décevez beaucoup.n

Mais peut-être pourrez-vous vous rattraper puisque cette dame semble avoir été identifiée par TBS. Vous êtes condamné à apprendre le baise-main (et plus si affinités) pour rattraper votre erreur. Allez un petit effort!! faites une bonne action. n

Sans rancune, je continuerai à vous lire car vous me faites bien rire. e

Cordialement.

Jean-Luc

Réaction n°1 

par TBS le 24/11/2008 : 16:42

Cher Emilio,

Sans doute avez-vous voyagé sans le savoir avec la Comtesse Della Verue, originaire de Vérone, et dont Constance et moi-même étions assez proches.

TBS



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7.5.2011

Patrick Amoyel : le rêve et la psychanalyse
7.5.2011

Conférence La part du rêve  le 7.V.2011 Nice

la XIIIe Journée : la pensée magique 8.X.2011

P.Martin Paris VI : L’effet placebo et nocebo du point de vue du pharmacologue

Michel Borg :
Vertus des plantes et maladie de Parkinson

Michel Benoît :
Effet placebo et traitement de la dépression

J.P. Cibiera :
Effet analgésique de l’Hypnose

Henri Daran :  
Pensée Magique ou histoire du réel ? Crises de la présence et pluralité des mondes

Patrick Amoyel :  Pensée Magique et Suggestion


la XIVe Journée : Neuropsychiatrie de la Volonté 4.II.2012

Benoît Kullmann : La Volonté : une faculté sans domicile fixe ? À propos de la décomposition de la Volonté. 

Philippe Barrès :
Troubles de la motivation : la ronde des concepts

Sandrine Louchart de la Chapelle :
Névrose obsessionnelle : une maladie de la Volonté

Bruno Giordana :
Le surhomme et les excès de la volonté maniaque : Fredéric Nietzsche et les antinomies existentielles

Patrick Amoyel :  la volonté, Spinoza, Freud, Lacan, le Vide et le Yin du rein chinois 

Éditions BKNeuroland
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